Quand Jupiter tombe le masque
Début janvier, on a pu voir un présentateur de TF1, visiblement inquiet par ces « épisodes d'extrême violence » (sous entendu, de la part des gilets jaunes), titiller le Premier ministre pour qu'il « change de méthode ». Sans surprise, l'exécutif a fait part de son intention de durcir les textes existants par une énième loi anticasseurs. Des mesures qui s'inspirent de la proposition de loi déposée, après les manifestations du 1er mai, par le sénateur (LR) Bruno Retailleau : une sorte d'amalgame entre les interdictions administratives de stades contre les hooligans et l'état d'urgence contre les terroristes.
Personne n'est dupe : aux questions sociales posées par les citoyens, le pouvoir répond par du pénal, sans un mot sur la violence sociale qui blesse et tue, que l'on soit au travail ou non (près de 15 000 morts par an en France dus au chômage, selon l'Inserm). Pas un mot sur les violences policières qui se déchaînent sur les manifestants, aujourd'hui comme hier. Dans cette République en Marche, on en est là : à la négation des libertés fondamentales, garanties par la Constitution, que sont les droits de faire grève et de manifester.
Tout est bon, plutôt que de toucher à un cheveu de cet ordre économique injuste.
En cette période de vœux, souhaitons – et surtout faisons en sorte – que ce mouvement né sur les ronds-points trouve d'autres débouchés. À la porte des entreprises, par exemple, pour faire avancer les revendications sur les salaires, les retraites, la protection sociale… Parce que cette colère a trop longtemps épargné le Medef et les actionnaires du CAC 40. Bonne année (de luttes) à tous.