Retraites : Macron fait un retour d'âge
Les lieutenants du chef de guerre désormais candidat ont annoncé les priorités de cette réforme d'un second mandat. À commencer par le report de l'âge légal, étalé sur neuf années à raison de quatre mois par an, qui serait achevé pour la génération née en 1969. L’objectif est clairement annoncé de réduire les dépenses publiques et les déficits, mais aussi de financer de « nouveaux progrès sociaux » dans d'autres secteurs, comme la dépendance, l'éducation, la santé, la formation ou le travail. Au passage l'État parachèverait l’étatisation de la protection sociale en faisant main basse sur des cotisations retraite affectées à tout autre chose.
Emmanuel Macron fait un calcul sordide et dangereux en agitant ce chiffon rouge. Il veut à nouveau profiter du vote par défaut des Français qui le reconduiraient à l'Élysée pour échapper à Le Pen ou Zemmour afin de se présenter comme légitime à imposer un recul de l'âge de la retraite à 65 ans. Il se croit autorisé à « enjamber » cette élection pour imposer demain la poursuite de ses réformes néolibérales.
Ce faisant, il prend le risque d’une nouvelle confrontation sociale dont il ne peut mesurer la portée. Car les raisons de s'opposer à cette nouvelle mouture de contre-réforme des retraites n'ont finalement pas changé. Ce qui a évolué en revanche, c'est que le chef de l'État une fois reconduit risque d'avoir à affronter un front syndical plus large que lors de la mobilisation stoppée nette dans son élan par le premier confinement.
C'est que cette fois Laurent Berger pour la CFDT estime cette nouvelle mouture de la réforme «injuste» et «brutale» et prévient qu'il la « combattra ». D'autant plus que « les retraites ne sont pas dans une situation financière difficile ».
Même son de cloche à la CGC dont le président, François Hommeril, estime également qu'« il n'y a pas de raison économique à faire une réforme des retraites ».
Quant à l'Unsa, elle fustige ce recul de l'âge de la retraite qui frappera plus durement « les plus précaires, c'est-à-dire les femmes, les carrières hachées, les temps partiels ».
Du côté de FO, on dénonce « une grande arnaque » et on assure que le syndicat sera « sur la route du gouvernement ».
Il est « nécessaire que tous les syndicats français agissent ensemble et affirment haut et fort qu'ils sont contre cette proposition », a estimé le secrétaire général de la CGT vendredi 11 mars promettant « une opposition ferme et résolue (…) encore plus qu'il y a deux ans ».