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HÔPITAL

Embolie aux urgences

31 janvier 2017 | Mise à jour le 2 février 2017
Par | Photo(s) : Louise Oligny / BSIP
Embolie aux urgences

Seuls trois cas de grippe, ce lundi 17 janvier. Pourtant, les urgences de l'hôpital du Mans ont été saturées jusque dans la nuit. Manque de lits, de médecins ou d’infirmières, afflux de patients non pris en charge par la médecine de ville ont provoqué une « embolie » du service, que le syndicat CGT et les personnels qualifient « d’ordinaire ».

«La grippe a bon dos. C’est comme ça depuis des mois. » Les langues se délient, derrière les masques bleu ciel, à la faveur d’une tournée des militants du syndicat CGT de l’hôpital du Mans. « On n’en peut plus de ces conditions, il va falloir qu’ils comprennent… » Au soir de ce lundi 17 janvier, Philippe Keravec, le secrétaire du syndicat, et Catherine Brulé, la secrétaire du CHSCT, sont venus inviter leurs collègues à une assemblée générale prévue le lendemain. Leur passage aux urgences tombe en plein coup de chaud. Un regard dans la salle où les patients sont accueillis et « triés » par une seule infirmière suffit à comprendre : ils sont 22 à patienter – certains depuis dix heures – dans cette salle équipée de huit boxes. Ce soir, Philippe fait le point avec ses collègues : 38 patients ont été admis. Mais il n’y a pas plus de deux, voire trois cas de grippe. Cette affluence n’a donc pas l’épidémie pour seule explication.

 

 

Le recours aux urgences aggravé par les déserts médicaux

Cette tension « révèle aussi, dans notre département, la faiblesse de la médecine de ville et de campagne », avance Olivier Bossard, le directeur du centre hospitalier du Mans (CHM). « La Sarthe est le quatre-vingt neuvième département, dans l’ordre négatif, sur le plan de la couverture de la population par la médecine libérale. Évidemment, cela a un retentissement immédiat sur le recours aux urgences. » D’autant que « les structures sociales et médico-sociales n’ont pas la prise en charge médicale adaptée à leurs patients et ont recours, elles aussi, au service des urgences. C’est donc la conjonction de l’épisode épidémique et de la faiblesse de la réponse de proximité qui génère un plus fort recours aux urgences du CHM », ajoute le directeur.

Trente-cinq lits rouverts en urgence

Pour faire face à la tension, le CHM a mis en œuvre des dispositions transitoires. Ainsi, trente-cinq lits ont été rouverts au sein de quatre unités du bâtiment gériatrique Michel Ange, dans des chambres anciennement à deux lits. « Dans un premier temps, des lits d’une autre époque, non-électrifiés, qu’il a fallu faire décaper par les équipes de ménage sans moyens supplémentaires », dénonce le syndicat CGT. « Même si des renforts en personnel ont été apportés, les conditions de travail ne peuvent perdurer », s’inquiète la secrétaire du CHSCT.

 

Ce reportage complet sera publié dans le magazine NVO du mois de février.