26 avril 2019 | Mise à jour le 26 avril 2019
En réponse à la crise des Gilets jaunes et à l'issue du grand débat, le chef de l'État a annoncé plusieurs mesures, le 25 avril. Analyses et réactions de la CGT.
Après deux ans de mise à l'écart de la presse à l'Élysée, après plusieurs mois d'une crise sociale qui a mis des milliers de gilets dans les rues, après un grand débat national censé retisser des liens avec les Français, après l'incendie de Notre-Dame venu perturber le timing prévu comme un coup du sort, Emmanuel Macron s'est finalement exprimé, jeudi soir avril, devant près de 7 millions de téléspectateurs.
Et la montagne accoucha d'une souris… Car s'il a reconnu « avoir fait des erreurs » et même promis d'amender sa manière de gouverner, 63 % des Français n'ont pas été convaincus par sa prestation (selon une étude Harris Interactive/Agence Epoka). Particulièrement dans les rangs de la CGT.
« On peut résumer cela par “on ne change rien”, s'indigne Fabrice Angéi, responsable confédéral CGT. Nous avons un président qui dit que beaucoup a été fait, que le gouvernement travaille bien et que tout va bien. Si tout va bien, on se demande pourquoi il y a autant de mouvements sociaux dans les entreprises, les territoires, les gilets jaunes, pourquoi cette colère et pourquoi neuf Français sur dix demandent un changement de politique économique et sociale ».
Services publics
L'État doit « savoir s'adapter, être accessible à tous dans tous les territoires » a dit Emmanuel Macron. Et de souligner sa volonté d'« assurer l'accès aux services publics à moins de 30 minutes » et de déployer plus « de monde sur le terrain » pour « apporter des solutions ». Il a notamment annoncé la création dans « chaque canton », d'ici « la fin du quinquennat », d'un « endroit où on puisse trouver réponse aux difficultés qu'on rencontre », baptisé « France services ». « C'est une annonce bidon puisque ça ne peut pas entrer dans le cadre de la réduction des dépenses publiques sur lesquelles il maintient le cap, répond Fabrice Angéi, le problème c'est qu'on n'a plus les services publics en territoires. Les sous-préfectures, les centres impôts ont été vidés, il faut maintenant passer par des plateformes, etc. »
Faut-il croire le chef de l'État quand il dit que l'État doit « cesser la fermeture des services publics » et quand il se dit prêt à « abandonner », « si ce n'est pas tenable », la suppression des 120 000 postes de fonctionnaires d'ici la fin du quinquennat ? Il a en tous cas dit « ne pas vouloir fermer des écoles ou des hôpitaux. » « Insuffisant, mais ça prouve l'impact des luttes dans ces secteurs », conclut le syndicaliste.
Temps de travail…
« Quand je nous compare à nos voisins et aux autres pays de l'OCDE, on travaille moins rapporté à l'année », a asséné le président de la République. « C'est un florilège de fake news »,s'indigne le syndicaliste.
Et de citer les données de l'OCDE selon lesquelles le travailleur français a passé en moyenne 1 526 heures à son travail en 2016, loin devant son équivalent allemand (1 356 heures en 2017) et juste derrière le travailleur britannique (1 538 heures en 2018).
Un terrain qui permet au chef de l'État d'envisager un allongement du temps de travail à l'échelle d'une carrière. « C'est une opération d'enfumage puisque le Président dit à la fois qu'on ne bouge pas l'âge de départ en retraite, mais qu'on renforce la décote et qu'on met en place un régime par points qui va baisser le niveau des pensions. De facto cela entraîne des départs à la retraite au-delà de l'âge légal. Voilà comment on recule l'âge de la retraite sans le dire. »
Pouvoir d'achat, retraites
Cela dit, Emmanuel Macron a été obligé de reculer sur la réindexation des retraites. Précisons que c'est davantage un maintien qu'un gain du pouvoir d'achat. Regagner du pouvoir d'achat nécessiterait d'indexer toutes les pensions sur le salaire moyen, ce qui est l'une des 19 propositions de la CGT.
Quant au souhait du président de la République de garantir un « minimum contributif » de 1 000 euros à ceux qui ont suffisamment cotisé ou atteint l'âge du « taux plein », « cela correspond au seuil de pauvreté, balaie Fabrice Angéi. La CGT revendique un minimum vieillesse — c'est-à-dire alloué quand on n'a pas tous ses droits — à 1200 euros. De plus le régime par points annoncé par le gouvernement va en premier lieu pénaliser les précaires et les femmes. »