Mumia Abou Jamal en danger de mort
En prison depuis 40 ans en Pennsylvanie (Etats-Unis) dont 30 passés dans le couloir de la mort, Mumia Abou Jamal aura 67 ans en avril prochain. Accusé du meurtre d'un policier... Lire la suite
« Nous sommes épuisés. Nos relations personnelles sont au bord du désastre. Mais je suis fier de l’équipe et des travailleurs à Amazon qui se sont mobilisés », déclare Joshua Brewer, le président local du RWDSU, le syndicat de la distribution qui représentera les 5.800 employés du site de Bessemer, s’ils votent en sa faveur.
« La pire peur d’Amazon est déjà arrivée: 3.000 employés ont dit qu’ils ne pouvaient pas travailler dans ces conditions », continue-t-il pour l’AFP.
Depuis l’automne dernier, des membres du syndicat se sont relayés jour et nuit à l’entrée de l’immense complexe tout neuf, pour recueillir suffisamment d’accords de principe (ils en ont eu 3.000), puis pour les convaincre de transformer l’essai. Le décompte des votes doit commencer mardi.
« Nous voulons être traités avec respect et dignité », résume Jennifer Bates, une des salariées investies dans le mouvement. « Cela signifie des conditions de travail sûres, la sécurité de l'emploi, et des salaires à la hauteur ».
Quand elle a été embauchée, Lafonda Townsend, une autre employée, était « contente du salaire ». « Mais c’était avant que je voie à quel point c’est dur. La salle de pause est très loin, et il faut manger comme un prisonnier, hyper vite, pour être revenu à temps, parce que si vous avez une minute en retard, on vous compte une heure non payée ».
Le géant du commerce en ligne a recruté à tour de bras en 2020, et quasiment doublé son bénéfice net à 21 milliards de dollars, grâce à l’explosion de la demande en temps de pandémie.
Mais le deuxième plus grand employeur américain (800.000 salariés) se retrouve empêtré dans une lutte de communication acharnée.
Ses porte-parole s’en sont récemment pris sur Twitter aux élus qui soutiennent le syndicat. Ils ont aussi nié le problème des ouvriers contraints à uriner dans des bouteilles en plastique, faute de temps pour aller aux toilettes, contrairement aux propos et photos rapportés par différents médias.
Sur place, le groupe a recours à toutes sortes de tactiques de dissuasion, des textos vantant les avantages sociaux aux affiches dans les toilettes.
Selon des salariés, lors de « réunions d’information », Amazon a brandi l’épouvantail des cotisations syndicales élevées (près de 500 dollars par an) et insisté sur les revenus actuels d’au moins 15 dollars par heure, plus du double du salaire minimum dans cet Etat pauvre.
Mais Joshua Brewer note que « d’autres entrepôts dans la région paient 18-20 dollars de l’heure ». Pour cet ancien pasteur et de nombreux observateurs, il s’agit moins de finances que d’exercer un contrôle absolu.
« Comme la plupart des employeurs américains, Amazon veut maintenir son pouvoir sur tout, et s’assurer que les travailleurs ne peuvent rien négocier », analyse Rebecca Givan, professeure en relations sociales à la Rutgers University.
Selon elle, le groupe de Seattle est prêt à « des dépenses quasi illimitées », pour « prouver que toute tentative est vouée à l’échec et décourager d’avance les autres salariés ».
Amazon n’a pas que des détracteurs à Bessemer. Son arrivée il y a un an a été saluée comme un facteur d’attractivité et « l’investissement le plus conséquent de l’histoire de la ville » par son maire Kenneth Gulley.
« Si toute cette négativité et ces histoires horribles étaient vraies, cela voudrait dire qu’il y a 5.800 idiots qui travaillent dans le bâtiment. Or je ne travaille avec aucun idiot, et je ne suis pas une idiote », a déclaré à l’AFP Dawn Hoag, une responsable qualité de l’entrepôt de 43 ans.
Elle considère que ses collègues n’ont pas besoin de représentants pour se faire entendre et affiche sa fierté d’avoir perdu une cinquantaine de kilos, notamment grâce aux kilomètres parcourus à pied tous les jours sur le site.
Darryl Richardson, l'employé à l’origine du mouvement, a aussi perdu du poids ces derniers mois, mais à cause de la fatigue et du stress.
« Mon corps ne va pas tenir (à ce rythme) », raconte cet Afro-Américain de 51 ans. « On me demande pourquoi je ne cherche pas un autre travail ? Plus facile à dire qu’à faire ! Je suis trop vieux, je ne présente pas bien. Il est temps de se battre ».
Son message au RWDSU de l’été dernier en a déjà inspiré de nombreux autres, souligne Joshua Brewer: « Nous avons reçu plus de 1.000 requêtes venues d’une cinquantaines d’entrepôts différents ».
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