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AIRBUS

Gagner en proximité, une question de méthode

15 juillet 2014 | Mise à jour le 25 avril 2017
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Gagner en proximité, une question de méthode

An Airbus employee works inside a fuselage section of an A380 Airbus airplane at the Airbus facility in Montoir-de-Bretagne near Saint-Nazaire January 20, 2011. REUTERS/Stephane Mahe (FRANCE - Tags: TRANSPORT BUSINESS)

2014 sera une année électorale pour la CGT Airbus. Les militants s'y préparent. Question de représentativité, bien sûr. Mais ils entendent également devenir une force de proposition dans un contexte économique et industriel défavorable à l'emploi, aux salaires et aux conditions de travail de quelque 20 000 Airbusiens en France.

Eurêka, mais c'est bien sûr ! Et si, pour gagner en crédibilité et en représentativité, il suffisait de parler aux salariés de leur quotidien en leur demandant en quoi consiste leur travail ? Salaires, conditions de travail, évolution de carrière, égalité professionnelle homme-femme constituent autant de questions qui participent à la vie commune des militants, élus et mandatés, et des salariés au sein d'une entreprise. Airbus n'échappe pas à cette évidence ; quand bien même la taille, la répartition territoriale et les effectifs du groupe rendent la tâche plus complexe. « On utilisait, auparavant déjà, des questionnaires qui nous permettaient d'impliquer les salariés dans notre démarche revendicative, d'une part, d'être au plus près de leurs réalités et de leurs attentes, d'autre part, explique Philippe Fernin, le délégué syndical central adjoint de la CGT Airbus. Cette année, à la différence d'il y a trois ou quatre ans, on a décidé de changer notre communication sur le fond et sur la forme. » Exit les questions fermées, dont les réponses étaient finalement plus ou moins attendues, et place à des interrogations qui laissent davantage de place à l'expression des salariés : « Chacun, quels que soient sa qualification et son poste, est capable de réfléchir et de donner son avis sur ce qui fait son travail au quotidien : politique salariale, condition de travail, horaire, évaluation, mobilité, etc., ajoute-t-il. On a donc voulu ouvrir les réponses pour libérer la parole et sortir d'une culture d'entreprise où l'opacité et la loi du silence sont une réalité. »
Crédibilité et pertinence pour gagner en représentativité

L'approche a séduit, suscité l'intérêt des salariés du groupe à Toulouse, Saint-Nazaire et Nantes ; qu'ils soient Airbusiens ou intérimaires. Tandis que les retours atteignaient les années précédentes 800 à 900 réponses – des chiffres qui correspondent à la base électorale de la CGT Airbus –, ils ont été cette année de 4 300. Pourquoi une telle progression dans leur expression ? Peut-être parce que les questionnaires étaient distribués à la sortie des douze cantines installées sur les trois sites, accompagnés d'un stylo siglé aux couleurs de la CGT… Mais être au bon endroit, au bon moment avec le bon outil ne suffit pas. Si les salariés parviennent d'eux-mêmes à parler de leur travail et de leur ressenti au travail, c'est qu'ils ont une vérité à dire. Encore faut-il être prêt à la recevoir et à l'écouter : « On a beaucoup tâtonné avant de trouver une approche qui pourrait fonctionner, notamment en direction des catégories d'ingénieurs, de cadres et de techniciens, que l'on avait du mal à approcher à Toulouse, précise Dominique Pinault, le secrétaire du syndicat CGT Airbus de la ville rose. Les activités sociales du comité d'entreprise ? On n'avait pas grand-chose à proposer d'autre ou de mieux que Force Ouvrière, qui reste la première organisation syndicale ici… L'action judiciaire ? On a gagné en sympathie à la suite de la procédure gagnée contre le processus d'évaluation P&D [évaluation comportementale des salariés, NDLR]… On a donc changé de méthode avec, pour trame de fond, le thème du travail réel et pour objectif, à Toulouse particulièrement, le gain de 2 points de représentativité pour atteindre le seuil des 12 % et un élu en comité d'entreprise. »

 

La dialectique, voilà la tactique, le changement, voilà l'objectif

Les syndiqués, élus et mandatés ont mûri leur projet au contact de Serge Dufour, ancien conseiller fédéral CGT et référence en matière de santé au travail, et de Fabien Gâche, militant CGT et l'un des acteurs de la recherche-action conduite chez Renault : « Leurs interventions, les rencontres que l'on a eues ont conduit à la remise en question totale ou presque de notre vie et de nos pratiques syndicales, déclarent les deux militants. Et les résultats obtenus sont utiles. Ils assoient notre représentativité et l'identité CGT au sein du groupe, même si l'on reste une force minoritaire. Ils démontrent la pertinence des réflexions de l'organisation sur le sens du travail et le travail réel, aussi celle des propositions que l'on porte auprès de la direction dans le cadre des négociations d'entreprise telles que les NAO. Aujourd'hui on a trouvé un équilibre entre le constat que l'on dresse, au plus près de la réalité, sur la situation économique et sociale de l'entreprise à partir de questions pertinentes et les revendications que l'on porte dans nos tracts ou à l'occasion de campagnes sur le thème de la sécurité au travail, par exemple. » Ce changement de méthode, la mise en place d'une information-consultation régulière des Airbusiens, revêt un intérêt stratégique dans la perspective des élections professionnelles à venir : « On pourra mesurer la pertinence et l'efficacité de notre travail à l'aune des prochains résultats, conclut Philippe Fernin. Car aujourd'hui, même si nos pratiques et nos revendications rencontrent les attentes des salariés, on a besoin d'élus et de mandatés pour faire vivre nos réflexions et nos revendications. » Au-delà de l'échéance, cependant, la question soulevée est la suivante : comment une organisation syndicale peut porter assez haut, avec le plus de justesse et de pertinence possible, la parole de ceux qu'elle représente ? Chez Airbus, à la CGT en particulier, c'est d'abord une question de méthode…

 

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SANTE
QUAND LA VÉRITÉ SORT DE LA BOUCHE DES SALARIÉS…

4 300 réponses et une préoccupation forte : la santé au travail. « Un salarié sur trois et plus d'un ouvrier sur deux sont inquiets car ils estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé, déclare Dominique Pinault, secrétaire du syndicat CGT Airbus à Toulouse. C'est énorme ! Le résultat nous a surpris nous-mêmes… et il doit nous amener à creuser davantage le sujet en conduisant une enquête plus approfondie sur ce thème, également en demandant à la direction l'ouverture d'une négociation spécifique compte tenu des réponses reçues. » D'autres thématiques ont émergé de cette consultation lancée en mars : aller vers une réelle égalité femmes-hommes, rendre les mobilités transparentes, renforcer les perspectives de déroulement de carrière, revendiquer une augmentation générale de salaire pour tous.

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EN SAVOIR+

Contenu, support, charte graphique… Le questionnaire diffusé par la CGT Airbus accompagne une refonte plus globale de la communication du syndicat :
Site Internet airbus31.reference-syndicale.fr
Réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter complètent la panoplie 2.0 des militants. Action, réaction, construction, proposition…

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