Galeries Lafayette Haussmann : nouvelle grève pour les salaires
« On va repasser la barre du milliard de chiffre d'affaires » se félicitait récemment Alexandre Liot, directeur des opérations de Galeries Lafayette France dans les colonnes du Parisien. « Et pour nous, que dalle! » rétorque Armelle Moreau, agent de maîtrise dans la prestigieuse enseigne parisienne et secrétaire adjointe de la CGT Galeries Lafayette. Comme environ 150 salariés, elle est en grève ce vendredi 25 novembre 2022, jour du Black Friday, pour réclamer sa part du gâteau. « Ce 1,2 milliard de chiffre d’affaires, c’est le fruit du travail des salariés mais parmi les quelque 2000 employés du magasin, plus de 600 sont au SMIC! C’est pour ça qu’on se révolte aujourd’hui : on veut pouvoir vivre de notre salaire! »
Et les grévistes sont bien déterminés à avoir gain de cause. Les 3% d’augmentation négociés lors des dernières négociations obligatoires d’entreprise (NOE) ne leur conviennent pas. « On veut a minima une augmentation à hauteur de l’inflation » explique Armelle Moreau. Face à l’inflexibilité de la direction, une première grève est organisée le 16 novembre, en pleine inauguration des vitrines et du sapin de Noël. Ce jour-là, un bruyant cortège déambule dans tous les étages du magasin avant d’être reçu par la direction. En guise de réponse, il leur est proposé d’avancer les NOE de mai 2023 à début janvier 2023. Insuffisant pour les grévistes qui exigent, en plus des augmentations de salaires, la hausse de la prime de partage de la valeur : la direction propose 400 euros, ils réclament 1500. À l’appel de l’intersyndicale CGT, UNSA, SUD, CFTC et FO, ils remettent donc le couvert ce vendredi, sous l’œil inquisiteur du service RH, qui prend les grévistes en photo devant l’entrée du magasin.
« C’est pour dissuader les collègues en CDD de nous rejoindre » explique Hakim Messaour, délégué syndical CGT. Avec 7 ans d’ancienneté il gagne 1450 euros net : « c’est très difficile. On est à découvert tous les mois! » « Les salariés n’en peuvent plus » abonde Christelle, élue au CSE sous la bannière de Sud. »Beaucoup d’entre eux vont régulièrement chez l’assistante sociale pour demander de l’aide, et certains ont des difficultés à payer la nourriture, c’est insupportable » souffle-t-elle. Après 32 ans de boîte, elle gagne 1400 euros net par mois.
À nouveau, les grévistes ont donc défilé à travers les allées, sous la coupole scintillante du magasin et devant des clients médusés. Cette fois, la direction leur a promis de revoir la prime à la hausse et de rediscuter de l’augmentation des salaires en janvier. Affaire à suivre, donc. En cette journée du black Friday, d’autres grèves pour les salaires étaient organisées dans le secteur du commerce et de la logistique, notamment dans les entrepôts Amazon.