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INDUSTRIE

Les GM&S ne décolèrent pas

5 septembre 2017 | Mise à jour le 8 septembre 2017
Par | Photo(s) : Guillaume Souvant / AFP
Les GM&S ne décolèrent pas

Les employés du constructeur automobile français GM&S arrivent au tribunal de commerce de Poitiers, le 4 septembre 2017.

Les GM&S ne désarment pas. Ce lundi 4 septembre, ils manifestaient devant le tribunal de commerce de Poitiers. Alors que la seule offre de reprise présentée ne prévoit de garder que 120 emplois sur 277, les salariés entendent bien ne pas être les dégâts collatéraux de gestionnaires crapuleux.

Une nouvelle fois les salariés du sous-traitant automobile GM&S La Souterraine (Creuse) étaient mobilisés ce lundi 4 septembre à Poitiers. Le tribunal de commerce devait y examiner l'offre de GMD, seul repreneur déclaré. Mais le projet de GMD, qui ne garde que 120 salariés sur 277, est très loin du compte et de ce que demandent et espèrent les salariés qui luttent depuis des mois.

L'intersyndicale FO-CGT ne cesse d'alerter les pouvoirs publics sur le fait qu'ils n'ont pas mesuré l'ampleur du « cataclysme dans ce bassin d'emplois » dans un département déjà ravagé par la désertification. Vendredi 1er septembre, le comité d'entreprise était appelé à se prononcer sur la perspective de la reprise. La séance fut l'occasion pour les représentants du personnel de rappeler les responsabilités des uns et des autres dans la situation actuelle ; celle du précédent propriétaire, le groupe Altia, et des donneurs d'ordres, PSA et Renault.

Les fossoyeurs masqués

Dans son avis, le CE ne mâche pas ses mots : « La déconfiture du Groupe Altia découle des agissements frauduleux de ses dirigeants dont il est surprenant qu'ils ne soient pas encore à ce jour mis en examen pour les faits de faux, escroquerie, abus de biens sociaux et banqueroute.» Pour les représentants du personnel, Altia n'est pas le seul responsable puisqu'au moment de sa faillite, GMD était déjà sur les rangs pour une reprise qui aurait été freinée par les constructeurs automobiles, notamment PSA. À cette époque, la firme au lion a fait produire à l'étranger des pièces identiques à celles de GM&S, entraînant de fait le déclin du site de La Souterraine. C'est par des retours de pièces défectueuses en provenance de ce site étranger, que les salariés de La Souterraine se sont aperçus de l'existence de ces pièces qui ne venaient pas de leur usine…

« À l'évidence, PSA mais aussi Renault avaient décidé d'éliminer du paysage industriel le site de La Souterraine qui ne s'intégrait plus dans la stratégie mondialisée de sous-traitance » estiment les représentants du personnel au CE. Pour les élus du personnel, seule une diversification des productions serait de nature à assurer la pérennité du site à long terme, or l'offre de GMD ne le prévoit pas. Pis, les 120 salariés repris constitueraient un effectif à ce point insuffisant qu'il ne permettrait même pas atteindre les 22 millions de chiffre d'affaires prévus avec l'offre GMD.

Un préjudice qui exige réparation

Les multiples et parfois spectaculaires actions des salariés ont contraint les pouvoirs publics à sortir de leur léthargie et à obtenir de Renault un doublement de ses engagements. C'est aussi grâce aux salariés que PSA a augmenté le montant des marchés promis à la société, et, que de la même manière l'État s'est engagé, notamment pour le financement d'investissements futurs à hauteur de 5 millions d'euros. Les salariés de GM&S sont d'autant plus en colère qu'il leur échoit de payer les pots cassés des agissements fautifs des constructeurs et des repreneurs successifs.

Les mesures prévues pour les reclassements ne sont pas de nature à apaiser les craintes : « Ce n'est pas avec les accompagnements “hors normes” prévus par l'État que des salariés-es au chômage, avec une moyenne d'âge de plus de 50 ans, se sortiront de la paupérisation qui se profile pour eux » déclare l'intersyndicale. L'absence d'engagement sur des indemnisations supralégales clôt l'avis du comité d'entreprise : « À ce jour, rien n'est prévu pour permettre cette indemnisation. Cette question n'est pas à ce jour réglée. La mise en œuvre d'un plan social digne de ce nom, éventuellement abondé par divers intervenants, notamment les constructeurs et les anciens actionnaires dont la responsabilité est patente, serait seule de nature à mettre fin à cette injustice criante. Tant que cette question ne sera pas réglée, il ne pourra y avoir de reprise sereine et pérenne ».

Pour l'heure, c'est encore sur le terrain et dans la rue que les GM&S ont décidé de se faire entendre ce lundi au tribunal de Poitiers. Le délibéré a été fixé au 7 septembre. D'ici là, d'autres actions pourraient encore voir le jour.