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Politique

Gouvernement Barnier : à droite toute !

23 septembre 2024 | Mise à jour le 24 septembre 2024
Par | Photo(s) : STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP
Gouvernement Barnier : à droite toute !

Onze semaines après la tenue des législatives qui a vu la coalition de gauche arriver en tête des élections, le Premier ministre Michel Barnier, désigné par le président de la République, a présenté le 21 septembre son choix de gouvernement. Sans surprise, c'est un gouvernement de droite aux antipodes du résultat sorti des urnes qu'impose aux Français le nouveau locataire de Matignon.

Non content de distribuer l'essentiel des postes ministériels à des personnalités du groupe Les Républicains et du camp macroniste, Michel Barnier engage avec ce nouveau gouvernement un virage à droite de la droite aux vieux relents fillonistes et Manif pour tous, avec au casting des figures politiques très droitières, conservatrices et réactionnaires. Majoritairement soutiens de la « réforme » des retraites, plusieurs ministres nouvellement en poste se sont par ailleurs opposés à la constitutionnalisation du droit à l'IVG, contre les droits des personnes trans ou en adversaire du mariage pour tous.

Simplifier à tous les étages

C'est le cas notamment de la Républicaine Laurence Garnier, un temps envisagée comme Ministre de la famille, puis recasée finalement au ministère délégué à la consommation. Plus préoccupant encore est la nomination de secrétaire d'Etat en charge de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations, Othman Nasrou, un proche de Valérie Pécresse qui s'était publiquement opposé à l'ouverture du droit au mariage pour les couples homosexuels.

Sur le plan social, les profils des ministres fraîchement nommés inquiètent particulièrement les syndicats. Anciennement ministre du logement, le macroniste et très libéral Guillaume Kasbarian, artisan de la loi anti-squatteurs (rebaptisée loi anti-pauvres par les associations) s'est positionné dès sa nomination sur X en déclarant vouloir « simplifier à tous les étages ».« Il a fait une grande école de commerce et vient des cabinets conseil. On se doute que quand il dit « simplifier », ça veut dire licencier. Et sa réponse aux besoins des populations dans les territoires ça va être plus d'entreprises privées, et pas des personnels sous statut », prévient Aamar Yazid, animateur du pôle communication de la fédération CGT des services publics, inquiète de la poursuite de la réforme initiée par Stanislas Guérini, qui devait introduire plus de rémunération au mérite dans la fonction publique. « La réforme de Guérini qu'on croyait enterrée, il va la mener en pire », juge le syndicaliste.

Erreur de casting

Du côté de l'Education nationale, la nomination d'une novice à la tête du ministère a immédiatement été dénoncée par les organisations syndicales d'enseignants comme « une erreur de casting ». « Anne Genetet n'a ni expérience ni expertise, elle est imposée par la Macronie. ça nous inquiète énormément, dans un contexte où l'Education nationale est à bout de souffle », fustige Isabelle Vuillet, co-secrétaire générale de la CGT Educ-Action. Cinquième  ministre en deux ans, Anne Genetet hérite d'un ministère en crise ayant subi réforme sur réforme, dont la dernière en date, « le choc des savoirs », est particulièrement contestée par le corps enseignant qui y voit un tri social des élèves. Côté inclusion, l'héritage des Jeux paralympiques et les grandes promesses faites par Macron sur le handicap se sont déjà envolées, aucun ministère délégué ou secrétariat d'Etat n'ayant été nommé sur le sujet.

Ligne dure et austéritaire

Enfin, la nomination au poste de ministre de l'Intérieur du très conservateur patron des sénateurs LR, le vendéen Bruno Retailleau, à la manœuvre l'automne dernier pour durcir la loi Immigration, engage le gouvernement dans une ligne dure. En refusant le principe d'une cohabitation avec la gauche arrivée en tête des suffrages, et en proposant un premier Ministre adoubé par l'extrême-droite, Emmanuel Macron bafoue non seulement les institutions dont il est censé être le garant mais creuse un peu plus le sillon d'une dérive démocratique qui a caractérisé ses deux mandatures.

Sous pression, le premier Ministre Michel Barnier va quant à lui devoir boucler un budget de crise en un temps record. Positionné sur une ligne dure et austéritaire, dans la lignée de ses prédécesseurs, il a déjà fait savoir qu'il mènerait une politique drastique de coupes budgétaires tout en épargnant les entreprises et sans hausses d'impôts qualifiées de « maladie française », laissant planer un sérieux doute sur sa volonté de faire que les plus riches prennent réellement leur part dans l'effort de solidarité. Interrogé le soir du 22 septembre sur le plateau de France 2 à propos de la réforme des retraites, il s'est dit par ailleurs ouvert à une « amélioration » du dispositif : « Je veux faire confiance aux partenaires sociaux pour améliorer cette loi » a-t-il déclaré.

Mobilisation le 1 er octobre

Invitée le lendemain au micro de France Info, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a réagi au projet de budget du gouvernement en appelant notamment au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF) et à une plus grande taxation du capital. Interrogée sur l'appel à la grève nationale lancé par son syndicat le 1er octobre aux côtés de la FSU et de Solidaires, la leader de la CGT a de nouveau réclamé l'abrogation de la réforme des retraites ainsi que la tenue d'une conférence (sur les pensions), «pour que les syndicats puissent présenter leurs propositions de financement », rappelant que « le rapport de force » était désormais du côté des syndicats.