11 octobre 2019 | Mise à jour le 17 octobre 2019
Cela fait maintenant une semaine que les transports en commun de la métropole rouennaise sont perturbés. Et cela risque de durer jusqu'à la fin décembre. La faute à des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader.
« Cela fait des années que nous alertons sur cette question », déplore Frédéric Leroi, le secrétaire général de la CGT des Transports en commun de l'agglomération rouennaise (TCAR), filiale du groupe Transdev. « Une procédure d'alarme sociale a été déposée le 9 septembre dernier et l'analyse remise par l'expert comptable indépendant de l'entreprise le 17 septembre lors du CSE ne fait que confirmer nos dires : il y a une réduction de l'effectif alors que la production augmente. »
Ce qui, concrètement, se traduit sur le terrain par des services supprimés le matin ou le soir, parce que jugés « peu rentables », des conducteurs qui doivent « faire plus de kilomètres » avec « une amplitude horaire qui s'étend » et, pour respecter ces horaires, n'hésitent plus désormais à « prendre des risques », passer à l'orange, démarrer un peu vite ou freiner sèchement, quitte à « secouer les passagers ».
Absentéisme et heures supplémentaires explosent
Quant à la modernisation des services commerciaux, elle n'enthousiasme guère plus Frédéric. « On a installé de nouveaux outils technologiques pour supprimer des guichets mais il y a toujours des dysfonctionnements qui font que les gens viennent quand même et dans les bus, ils ne peuvent pas toujours valider leur billet, c'est comme si c'était gratuit. Et après, on vient nous dire “Vous n'avez pas atteint l'objectif ” ! »
Pas de quoi assurer une saine ambiance dans l'entreprise. « Les relations avec nos chefs, avec la maîtrise sont très tendues, conflictuelles », précise le secrétaire du syndicat, rappelant au passage un taux d'absentéisme « impressionnant » et un nombre d'heures sup' qui « explose ».
Une situation dénoncée par la CGT TCAR qui demande, entre autres, une amélioration des conditions de travail dans tous les services, un remise à niveau des effectifs et une augmentation de la récupération des heures de nuit. Et pour ce faire a initié, depuis le 24 septembre dernier, une action originale : « une grève de 55 minutes par jour », samedis et dimanches compris.
Avec des horaires différents chaque jour et ce jusqu'au 31 décembre. « Cela permet un maximum de mobilisation, pénalise beaucoup moins les usagers qu'une grève classique et déstabilise un peu plus l'entreprise qu'une grève avec les mêmes horaires chaque jour », explique Frédéric Leroi.
La direction joue la montre face au mouvement
Reste que, pour l'instant, l'entreprise en question joue la montre. D'autant que « l'ancienne présidente a été remerciée au bout de neuf mois le 10 septembre dernier, lendemain de notre alerte sociale, et que Transdev nous a envoyé un directeur par intérim jusqu'à janvier 2020 ». Avec un agenda manifestement « très clair », comme s'en sont rendus compte les syndicalistes lors de la réunion qui a précédé le déclanchement du mouvement de grève. « Ils n'ont fait aucune proposition et à chacune des nôtres, ils se contentent de dire que ce nous voulons coûte trop. »
Pas de quoi réfréner l'ardeur des syndiqués de la CGT TCAR prêts à tenir le mouvement jusqu'au 31 décembre. « On est en train de s'acheter nos conditions de travail », affirme Frédéric Leroi. Des conditions qu'ils ne veulent pas au rabais.