À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
SERVICES PUBLICS

Grève des animateurs et des ASEM de la ville de Paris contre la précarité

24 mai 2024 | Mise à jour le 24 mai 2024
Par | Photo(s) : Dominique Martinez
Grève des animateurs et des ASEM de la ville de Paris contre la précarité

Déjà mobilisés depuis novembre dernier, les animatrices et animateurs et les agents spécialisés des écoles maternelles (ASEM) sont en grève du 21 au 24 mai à l'appel de l'intersyndicale FSU, CFDT, CGT. Ce jeudi 23 mai, plusieurs centaines d'entre eux étaient mobilisés devant l'hôtel de ville de Paris pour revendiquer de meilleurs salaires, de meilleurs statuts, de meilleures conditions de travail.

« Il faut sauver le service public », « 1 pro pour 8 enfants », « Espaces lectures, un luxe ? Non ! Une nécessité éducative vitale », « pour un avenir meilleur, défendons le périscolaire » … Les pancartes brandies par les centaines d'animateurs et animatrices sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris disaient toute la colère d'un métier en manque de reconnaissance et abîmé par des années de précarité. En grève du 21 au 24 mai (pendant le conseil de Paris), à l'appel de l'intersyndicale CFDT, FSU et CGT, les agents du périscolaire dénoncent des conditions de travail qui se dégradent au quotidien et des rémunérations insuffisantes au regard de leurs responsabilités. Ils ont reçu pour la première fois le soutien de parents d'élèves munis d'une banderole « parents solidaires du périscolaire en colère ».

Précaires et mal payés

« Dans l'animation, il y a trois situations : une minorité qui est titulaire (statut Ville de Paris), les contractuels avec des temps partiels, et les vacataires qui n'ont ni contrat ni statut et à qui on verse leur salaire avec un mois de décalage, résume Alexandre Herzog, directeur périscolaire d'une école du Nord de Paris et délégué CGT au syndicat des affaires scolaires de la Ville de Paris. Depuis le 1er janvier, ils sont payés au SMIC horaire – ce qui n'était pas le cas auparavant – mais ça reste un emploi très précaire : les vacataires travaillent pour la plupart très peu d'heures dans la journée. Ils sont tous en dessous de 35 heures par semaine et n'ont aucune garantie de voir leurs heures renouvelées d'un mois sur l'autre. Sans poste fixe, ils sont tributaires des agents absents pour les remplacements et même quand ils en ont un, il n'y a aucune garantie de la Ville de Paris pour leur permettre de faire le même travail pendant plusieurs mois. La moyenne des salaires tourne autour des 1000 €. C'est par ailleurs un métier extrêmement féminin, avec beaucoup de mères de famille, notamment issues de l'immigration. Depuis quelques années, les étudiants ne sont plus la majorité car les réformes successives de l'université les empêchent de s'organiser à l'avance et d'être disponibles pour faire des remplacements. » Les revendications ? « L'augmentation de la prime IFSE  (indemnité de fonction de sujétion et d’expertise, NDLR) de 150 et 400 euros mensuels pour les titulaires ; l'augmentation du salaire horaire des vacataires et du salaire des contractuels. On revendique aussi la titularisation des collègues précaires afin de leur permettre d'accéder au salaire des titulaires qui n'est pas du tout le même alors qu'ils font le même travail. »

Des p'tits boulots pourtant bien utiles

« Depuis 2009 je ne faisais que des vacations, je serai stagiaire à partir de septembre prochain, raconte Grace, 53 ans, animatrice vacataire qui vient de décrocher le concours cette année.  Je travaille moins de 35 heures semaine, je gagne moins de neuf cents euros ce n'est pas suffisant, comme un p'tit boulot. Et puis on fait le même temps que les contractuels et les titulaires et on est moins payés. Je ne sais même pas combien je vais gagner en tant que titulaire. Il nous faut des meilleures conditions de travail, plus de personnels, des primes… On est vraiment des précaires alors qu'on est utiles. Bien sûr, il y a l'enseignement, mais nous aussi on est là, on passe beaucoup de temps avec les enfants. Si on n'est pas là, comment font les parents ? Je reste parce que j'aime beaucoup ce que je fais, sinon ça fait longtemps que je serais partie. » Et d'expliquer les tranches du périscolaire, l'engagement au centre de loisirs durant les vacances, etc. Travaillant dans une école à deux pas de la porte de la Chapelle, elle craint l'arrivée des Jeux olympiques et paralympiques qui présagent des difficultés d'organisation et de logistique. Cette période des Jeux crispe aussi Patricia, 31 ans, animatrice depuis l'âge de 17 ans et aujourd'hui titulaire en poste dans une école maternelle du 19e arrondissement (ZEP). Elle qui s'apprête à être directrice d'un centre de loisirs au mois de juillet sait déjà que « les sorties seront restreintes, il faudra garder les enfants dans les locaux beaucoup plus qu'habituellement ». Elle dénonce « un vrai décalage entre la reconnaissance du métier et les responsabilités auxquelles on fait face au quotidien. J'adore ce métier mais sincèrement des fois, j'envisage de changer. Il nous faut urgemment de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Celui d'un titulaire, par exemple, commence à 1500 euros mensuels alors que nos missions vont bien au-delà de nos compétences, explique-t-elle. On n'a souvent pas de locaux, pas de moyens, pas de formation. Et durant cet été, il faudrait bien sûr être mobilisé sans aucune compensation !  »

Des négociations poussives

« Avec ou sans JO, les agents sont sous l'eau », « Marre de se faire pigeonner », les pancartes brandies par les collègues qui entourent Patricia résument bien l'état d'esprit combatif de cette foule motivée emmenée par l'intersyndicale. Celle-ci a obtenu d'être à nouveau reçue le 30 mai par la ville de Paris, avant que de nouvelles propositions suivent dans la foulée. Quant aux revendications des agents spécialisés des écoles maternelles (ASEM), elles devraient faire l'objet de négociations déjà ouvertes. La CGT réclame notamment que « ces personnels accèdent au statut de catégorie B, ce qui signifierait une augmentation de salaire de plusieurs centaines d'euros mensuels », selon Alexandre Herzog.