Fret ferroviaire : la CGT s'insurge contre un scandale d'Etat
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Une direction restée, jusqu'ici, sourde aux exigences de ses salariés. On peut mesurer les raisons de cette surdité à la simple lecture du cahier revendicatif porté par la CGT, syndicat majoritaire à Gennevilliers : une augmentation de 200 euros, minimum, de tous les salaires (plafonnés au niveau du Smic pour les non-cadres), une prime annuelle de 1 000 euros pour tous, CDI, CDD et intérimaires inclus, et la requalification en CDI de 30 intérimaires qui opèrent régulièrement à Gennevilliers.
Voilà pour le volet financier qui n'est pourtant que la partie émergée d'un iceberg revendicatif essentiellement fondé sur l'amélioration significative des conditions de travail, voire de survie au travail. Et c'est sans doute là que le bât blesse pour la direction de Geodis.
Pieds broyés, membres arrachés, troubles musculo-squelettiques (TMS) avec des séquelles lourdes, handicaps divers et variés, accidents du travail à répétition… Tel est le lot quotidien des salariés de cette plateforme logistique, qui est le pivot de toute l'activité nationale du colis express assurée par Geodis Calberson France. Un site incontournable, actif 24 heures sur 24, très rentable pour les actionnaires et donc, stratégique pour les deux parties, salariés comme direction.
Car ces mêmes atouts – qui assurent à Geodis une profitabilité enviable – sont aussi son talon d'Achille en cas de conflit social. Les salariés l'ont bien compris, eux qui multiplient, depuis plus d'un an, les actions de grève pour obtenir l'ouverture de négociations sur leurs conditions de travail, que la direction leur refuse obstinément. « À chaque réunion arrachée à la direction, on nous renvoie aux NAO qui se tiendront en mars. Sauf qu'on ne pourra pas tenir jusque-là », assure Mouloud Sahraoui, le délégué syndical CGT de Geodis Gennevilliers.
Bien déterminés à obtenir satisfaction et grisés par la révolte des gilets jaunes qui essaime dans le pays, les salariés ont décidé de passer à la vitesse supérieure. En grève totale avec blocage du port de Gennevilliers le 15 décembre, ils ont poursuivi leur mobilisation par des grèves et des débrayages tactiques de quelques heures chaque jour. « Par effet cumulatif, on parvient à paralyser le flux des colis qui transitent tous par notre site, déjà fortement ralenti par nos débrayages », explique Mouloud Sahraoui.
Après avoir rallié à leur cause les agents de maîtrise des quais du port de Gennevilliers – une première historique –, les salariés en lutte ont pu mettre en grève 95 % de l'effectif de Gennevilliers le 27 décembre dernier. « Les cadres en grève, c'est du jamais vu », souligne le syndicaliste.
Et ce n'est pas tout : « On est entrés en discussion avec les employés des bureaux qu'on ne côtoie jamais ; ceux-là mêmes que la direction a pour habitude d'opposer aux ouvriers pour mieux nous diviser et mieux régner, et ils se sont montrés très intéressés par notre cahier revendicatif, en particulier au sujet du paiement des heures supplémentaires qui sont monnaie courante chez ces personnels », assure Mouloud Sahraoui.
À l'occasion de cette visite des locaux, le délégué syndical a réclamé l'installation de panneaux d'affichage syndical à tous les étages du bâtiment en rappelant la direction au respect de ses obligations en matière de démocratie sociale.
En réaction, la direction s'est enferrée dans le refus de négocier. Une position intenable, à terme, au vu des répercussions du moindre débrayage sur l'activité globale de l'entreprise, telles que les anticipe Mouloud Sahraoui.
« Leurs alternatives, comme celle de transférer le flux et les intérimaires vers d'autres sites au lieu de négocier, ont fini par engorger chacun de ces sites. Ils n'ont pas d'autre choix que de rapatrier les flux vers le site de Gennevilliers. Dès que les colis reviendront, on sera en grève et peut-être qu'enfin, ils préféreront passer à la table des négociations plutôt que de perdre des clients. »
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