Au cœur des manifs… notre modèle social
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La grève ? Mais quelle grève ? Dans leur grande majorité, les médias désignent les modalités originales du mouvement cheminot en ajoutant au mot grève l'adjectif « perlée ». Une référence aux « privilèges » supposés des agents de la SNCF ? Ou une manière détournée pour exprimer l'illégitimité de ce formidable mouvement social qui se met en place par tous ceux qui, parfois sans nuance (voir Le pompon de M. Pont), dénient aux salariés le droit de se défendre et de se battre pour un service public de qualité.
Car voilà, la grève, ce beau mot qui désigne tout à la fois le bord de mer et « la cession concertée et collective du travail dans le but d'appuyer une revendication professionnelle » est certes un droit reconnu par la Constitution – arraché après des années de luttes – mais aussi juridiquement très encadré.
Pour lutter contre des grèves qui seraient totalement incontrôlables – et sans doute aussi terriblement efficaces –, le droit du travail précise les contours légaux de la grève.
Elle doit remplir des conditions cumulatives telles que :
C'est pourquoi la grève sauvage (déclenché hors d'un mot d'ordre syndical), tournante (qui affecte divers ateliers ou catégories du personnel de l'entreprise), surprise (déclarée sans préavis ni avertissement), politique (sans but professionnel), la grève du zèle (application à la lettre tous les règlements, afin d'en ralentir le plus possible l'exécution du travail) ou perlée (ralentissement de la cadence du travail sans qu'il y ait d'arrêt complet) sont autant de formes de grève considérées comme illégales.
En l'état, les deux jours d'arrêt de travail, complet, collectif, basé sur des revendications professionnelles des cheminots n'ont donc rien de perlé ni d'illicite, contrairement à ce que certaines prises de parole politiques ou médiatiques laissent entendre à longueur de temps.
À l'heure où ces lignes s'écrivent, le mouvement des cheminots semble prendre une autre tournure : celle d'une grève reconductible votée par l'assemblée générale des cheminots de la gare du Nord à Paris, malgré les mots d'ordre nationaux. Elle aussi tout à fait légale. À suivre…
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