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SALAIRE

Hausse du salaire minimum aux États-Unis et en Grande-Bretagne...

17 avril 2014 | Mise à jour le 21 juin 2017
Par | Photo(s) : DR
Hausse du salaire minimum aux États-Unis et en Grande-Bretagne...

Hausse du salaire minimum aux États-Unis et en Grande-Bretagne, création d'un « Smic » en Allemagne. Décryptage par Éric Heyer, économiste de l'OFCE.

La Grande-Bretagne annonce la hausse de son salaire minimum de 11 % pour le porter à 8,40 euros de l'heure, l'Allemagne va créer un « Smic » à 8,50 euros pour 2015 et les États-Unis visent une hausse de 39 % pour le porter à plus de dix dollars. Pour quelles raisons ces mesures sont-elles prises ?

eric-heyer.150Éric Heyer : Contrairement à l'Europe, les États-Unis n'ont pas mené de politique d'austérité pour combattre la crise. L'État s'est endetté pour éviter la récession, il a adopté des plans de relance ; aujourd'hui, le pays, qui s'engage vers un effort budgétaire accru, semble quelque peu sorti de la crise. Mais la redistribution de la croissance y est de plus en plus inégalitaire.

Barack Obama estime que, pour que la croissance soit plus robuste, elle doit être aussi plus juste. En Allemagne, dans l'agenda Hartz qui visait à flexibiliser le marché du travail, le « deal » était de demander un effort aux salariés, le temps d'être les plus compétitifs et, une fois que le résultat se ferait sentir, que la croissance repartirait, ses fruits seraient redistribués. C'est ce qui se produit avec la mise en place du salaire minimum.

Quant à la Grande-Bretagne, qui a mené l'une des plus sévères politiques de rigueur en Europe, l'austérité a cassé la croissance. Le pays change un peu de stratégie en revalorisant les salaires.

 

Y aurait-il un changement de cap en matière d'austérité en Europe ?

Oui, et il a eu lieu en janvier 2013, lorsque Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, a déclaré : on s'est trompés en matière d'austérité, celle-ci nuit plus que prévu à la croissance. Ce faisant, il reconnaissait avoir sous-estimé les multiplicateurs keynésiens, c'est-à-dire l'impact des mesures d'austérité sur l'économie. Quand ce multiplicateur est quasi nul, comme le FMI le pensait auparavant, cela signifie qu'avec un euro d'austérité, on n'affecte pas la croissance, mais s'il est à deux, ce qui était le cas en réalité, la croissance baisse d'autant et le chômage augmente.

Ces analyses ont été partagées par l'OCDE, et la Commission européenne en a pris acte en juin 2013 en laissant plus de temps aux pays pour réduire leurs déficits. En 2012-2013, la zone euro était la seule au monde à être en récession. Depuis que les règles ont été un peu assouplies, on retrouve des perspectives de croissance à 1 %, c'est certes insuffisant mais significatif !

 

Les revendications salariales s'expriment aussi en Chine, au Cambodge ou au Bangladesh…

Le mode de production de ces pays est tourné vers les pays développés qui, aujourd'hui, sont en crise. Il y a en parallèle nécessité de se tourner aussi vers des débouchés intérieurs. Les hausses de salaire vont donc continuer dans ces pays, même si leur niveau reste incomparable à ceux des pays occidentaux. Mais la logique voudrait que, à terme, ils aient le même salaire, même si on en est encore très loin.