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MOYENS SYNDICAUX

Hauts-de-Seine : le président du conseil départemental veut étrangler les syndicats

1 juillet 2019 | Mise à jour le 2 juillet 2019
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Hauts-de-Seine : le président du conseil départemental veut étrangler les syndicats

Vent debout contre la décision du conseil départemental des Hauts-de-Seine de supprimer sa dotation financière aux organisations syndicales, l'intersyndicale CGT, CFDT, FO, Unsa, CFE-CGC, CFTC riposte par un front unitaire et déterminé à reconquérir son dû. Une première séquence de mobilisation a eu lieu le 28 juin, devant l'hôtel départemental de La Défense.

D'emblée, le préciser : une dotation financière n'est pas une subvention « Une dotation, ce n'est ni un don, ni de l'aumône ni de la charité, c'est un outil de redistribution de la valeur produite par le monde du travail et destiné à financer des services d'intérêt général », tient à souligner Francis Botalico, secrétaire général de l'union locale CGT de La Défense.

Dès lors, supprimer la dotation de six syndicats, qui plus est la rebaptisant de « subvention » relève au mieux de la malhonnêteté politique, au pire d'une stratégie de nuisance. « Une dotation est due, ce qui n'est pas le cas d'une subvention qui est accordée ou concédée », précise le syndicaliste.

Étrangler les syndicats pour museler les salariés

Forts de leurs 3 milliards d'euros de budget annuel, les Hauts de Seine figurent parmi les départements les plus riches de France. Mais, à l'évidence, pas parmi les plus démocratiques et encore moins parmi les plus attachés à l'idée de justice sociale.

Car sucrer la dotation due aux syndicats (49 000 euros pour la CGT, 45 000 pour la CFDT, etc.), cela revient à étrangler ces représentants des salariés et à priver ces derniers de leur droit à une représentation, à une assistance et à une défense en cas de problème avec l'employeur et bref, à abolir un service d'intérêt général essentiel à la population.

Pas de maison des syndicats dans les Hauts de Seine

Vieille lune d'une certaine droite bien ancrée dans les Hauts de Seine, l'idée d'éradiquer les syndicats de ce territoire ou de les décrédibiliser en les privant de leurs moyens d'agir n'est pas nouvelle. Il n'en demeure pas moins qu'elle résulte absurde, voire contreproductive du point de vue des six centrales implantées ici et qui, à la différence des autres organisations syndicales d'Île-de-France, ne disposent pas d'une maison départementale des syndicats.

D'où cette dotation compensatoire de 186 000 euros votée par le conseil départemental en 1970. Sachant qu'elle ne représente aujourd'hui que 0,0062 % du budget annuel des Hauts-de-Seine. Autant dire, rien. Mais un « rien » que l'actuel président du département, Patrick Devedjian, sans doute grisé par la vision du président de la République à propos des derniers de cordée qu'on croise dans les gares SNCF et qui ne sont rien, s'attache instamment à supprimer.

Une stratégie conjointe entre Medef et élus locaux

« On s'affronte là non pas tant à une contrainte budgétaire, mais à une conception politique strictement idéologique, antisyndicale primaire, aveugle et hostile aux besoins de celles et ceux qui travaillent dans ce département », a martelé Francis Botalico.

Les six syndicats concernés et mobilisés le 28 juin partagent cette même analyse d'une stratégie conjointe entre Medef et pouvoirs politiques locaux visant d'une part à liquider les syndicats du département et autres corps intermédiaires et d'autre part, à établir des relations directes avec les salariés et les citoyens. On a pourtant vu, avec le mouvement des gilets jaunes, à quoi un tel mépris des corps intermédiaires pouvait conduire, mais en vain pour monsieur Devedjian, tout à sa vieille lubie d'éradiquer les syndicats de son territoire.

Une bataille intersyndicale de longue haleine

En réaction à quoi l'intersyndicale CGT, CFDT, FO, Unsa, CFE-CGC, CFTC des Hauts de Seine a décidé, dans l'unité totale, de se mobiliser jusqu'à ce que recul (du président du département) s'en suive. L'action unitaire du 28 juin n'était d'ailleurs que la première étape d'un vaste calendrier d'actions pour la reconquête de la dotation.

« Nous nous engageons dans une bataille de longue haleine que toutes les organisations syndicales du département ont collectivement décidé de mener, et de gagner, c'est notre objectif et nous ne lâcherons rien », affirment, de concert, Anne Giraudon, secrétaire générale de l'UD CGT 92 et Francis Botalico.

Interpeler chaque élu de la république

Devant les portes du conseil départemental de La Défense, le 28 juin, l'intersyndicale a affiché un front unitaire, soudé et déterminé à faire reculer le président Devedjian de ses intentions. À l'approche d'échéances électorales d'importance majeure, les municipales de 2020, ce front syndical devrait logiquement rallier à sa cause de nombreux soutiens parmi les salariés et les élus locaux.

Y compris dans le camp de la LR des Hauts-de-Seine où la suppression de la dotation syndicale fait débat. « Nous avons le soutien de nombreux maires qui ne partagent pas la position du président Devedjan, nous allons demander à chaque élu du département de soutenir nos actions et de signer notre pétition pour le maintien de la dotation », a fait valoir la CGT 92.