19 août 2025 | Mise à jour le 19 août 2025
Suppression de deux jours fériés, remise en cause de la cinquième semaine de congés payés, massacre à la tronçonneuse dans la fonction publique, gel des prestations sociales, des milliards d'économies réalisés sur le dos des malades, des chômeurs et des retraités… Le projet de budget 2026 présenté par François Bayrou le 15 juillet comme un moment de vérité, est d'une brutalité inédite. « Les sacrifices pour le monde du travail ça suffit », a réagi l'intersyndicale qui a lancé une pétition pour demander l'abandon immédiat du projet de budget. Les syndicats ont prévu de se rencontrer le 1er septembre pour construire la riposte. En attendant, la Vie ouvrière questionne les mesures proposées, typiques des politiques d'austérité, et les vérités énoncées par le gouvernement.
En même temps que le gouvernement envoyait une lettre de cadrage aux organisations syndicales et patronales les enjoignant de sucrer deux jours fériés, il leur en envoyait une seconde les 8 et 9 août 2025 pour les inviter à négocier sur l'assurance-chômage au plus tard le 15 novembre. Dans un communiqué, cinq organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC) regrette « cette précipitation du gouvernement et avertissent solennellement que nous sommes à un tournant social et démocratique ».
Une succession de régressions depuis 2017
L'encre de la dernière convention de novembre 2024 – non signée par la CGT – est à peine sèche que le gouvernement veut de nouveau raboter les droits des chômeurs. C'est la cinquième réforme de l'assurance-chômage depuis 2017, allant systématiquement dans le sens d'un durcissement des règles d'indemnisation. Dans sa lettre de cadrage, François Bayrou justifie cette énième négociation par la dégradation des comptes du régime d'assurance-chômage depuis l'adoption de la loi de programmation des finances publiques 2023-2027. « Or, les prévisions du gouvernement Borne de l'époque étaient jugées complètement fantaisistes et démesurément optimistes. En clair, le gouvernement Bayrou se base sur des prévisions délibérément fausses, de façon à remettre en cause l'accord du 14 novembre 2024, pourtant applaudi et agréé pour quatre ans par le gouvernement Barnier », selon une note de la CGT. Laquelle rappelle aussi que « la politique macroniste a plombé les comptes publics en supprimant les recettes. Ainsi, tous les excédents annuels de l'Unedic, du fait des économies massives sur le dos des chômeurs, ont été captées par une hausse des prélèvements de l'État pour financer France Travail et France Compétence ».
Quatre milliards d'économies attendues
Pour dégager entre 2 et 2,5 milliards d'économies par an de 2026 à 2029, puis 4 milliards d'euros en régime de croisière, le gouvernement ressort des cartons la reforme Attal, empêchée par la dissolution. Il envisage de fixer à huit mois le seuil d'ouverture des droits, déjà porté de 4 à 6 mois lors d'une précédente réforme; de raccourcir encore la durée d'indemnisation à 15 mois, contre 18 mois, par exemple, pour les demandeurs d'emploi de moins de 55 ans ; de réduire les droits à l'indemnisation en cas de rupture conventionnelle. Ce nouveau tour de vis étant censé favoriser le retour à l'emploi. Or, le rapport du comité d'évaluation de la réforme de l'assurance chômage 2019-2021 (qui avait conduit notamment à une baisse du salaire journalier de référence et à un allongement de 4 à 6 mois la condition d'affiliation minimale) montre qu'il n'y a pas eu d'effet sur le retour en emploi durable, la reprise d'emploi passant essentiellement par des contrats courts de moins de 6 mois. En outre, des demandeurs d'emploi ont été découragés de s'inscrire à France Travail. Pour rappel, seulement 4 chômeurs sur 10 sont indemnisés. En 2024, plus de 6,2 millions de personnes étaient inscrites à France Travail.