Procès Air France : triple peine pour quatre ex-salariés
La cour d’appel condamne quatre prévenus dans l’affaire dite des « chemises arrachées » à Air France. Une décision politique. Lire la suite
Nvo.fr. Comment réagissez-vous à l'annonce, lundi 8 août, de votre licenciement ?
Vincent Martinez. Dans un premier temps, cette annonce m'a surpris mais dans le contexte actuel, dans le climat anti-CGT qui règne depuis les mobilisations contre la loi « travail », à bien y réfléchir, cela n'a rien de surprenant. On a vécu un emballement médiatique antisyndical inédit et il fallait au gouvernement « une sanction exemplaire », comme l'avait annoncé Valls après nous avoir traités de « voyous ». La voilà. Elle est tombée sur moi. C'est une décision politique du gouvernement au plus haut niveau pour faire payer aux syndicats, et notamment à la CGT, toutes les manifestations contre la loi « travail ».
Une décisions d'autant plus injuste que le 5 octobre 2015, lorsque le DRH d'Air France est pris à partie et que sa chemise est déchirée, vous faites parti de ceux qui calme le jeu non ?
Complètement. Lors des échauffourées, j'ai eu un rôle modérateur envers Xavier Broseta, le DRH de l'époque. Ce que note l'inspectrice du travail, qui a mené une enquête complète sur les faits, en janvier 2016. Elle conclut qu'il n'y a aucune intention de nuire de ma part et donc juridiquement pas de faute lourde. Je suis magasinier à Air France depuis dix ans, depuis que j'ai 18 ans. J'aime mon travail. Pourquoi j'aurais commis un acte pareil ?
Quels sont les recours possibles pour vous opposer à votre licenciement ?
Tout d'abord un recours gracieux auprès du nouveau DRH d'Air France, Gilles Gateau. Mais je n'y place pas beaucoup d'espoir étant donné qu'il est l'ancien directeur adjoint de cabinet de Manuel Valls… Ensuite, une contre-attaque devant le tribunal administratif pour réintégration est possible. J'ai deux mois pour former un recours devant le tribunal de Cergy-Pontoise, ce que je vais faire bien sûr. Je ne laisserai jamais le plaisir à ce gouvernement d'humilier ainsi les responsables syndicaux. Mais je sais aussi que je m'engage dans une procédure qui va être longue. Sans doute au moins une année.
Fin septembre, vous allez de nouveau être jugé. Cette fois devant le tribunal correctionnel de Bobigny, avec d’autres syndicalistes. Qu'attendez-vous de cette comparution ?
Les 27 et 28 septembre, il y aura 16 syndicalistes devant le tribunal correctionnel de Bobigny : 5 pour « violences en réunion » – ils encourent jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende –, et 11 pour
« dégradations ». Comme on dit, « j'ai confiance dans la justice de mon pays » ! Normalement la justice est indépendante en France. Le ridicule de la situation devrait être reconnu par les juges. Par contre, même si je suis reconnu innocent en correctionnelle, cela ne changera rien au jugement lapidaire qu'Air France a prononcé en me licenciant.
Vous sentez-vous bien soutenu par les militants, le syndicat ?
Heureusement oui, et c'est super-important. Non seulement au niveau de mes camarades d'Air France mais aussi de la part de la confédération. Philippe Martinez a immédiatement réagi à l'annonce de mon licenciement en qualifiant l'avis de la ministre de « proprement scandaleux » et de « revancharde » l'attitude du gouvernement . C'est tout à fait ça. Ce soutien me permet d'avoir toujours le moral malgré les coups que j'encaisse. Ça permet aussi de dire au gouvernement : « Nous, les syndicalistes de la CGT, on est toujours là, on tient, on ne lâchera rien. »
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