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Jeunesses irlandaises

12 février 2016 | Mise à jour le 20 février 2017
Par | Photo(s) : Russell G Sneddon/leemage
Jeunesses irlandaises

Le jeune Irlandais Colin Barrett nous livre un premier opus remarquable. Sa plume sacrément bien trempée nous conte en sept nouvelles une jeunesse désœuvrée, titubante et violente mais pas que… Quand on a l'impression qu'il ne se passe rien alors que la vie gronde de toutes parts.

« Le dimanche est un jour de purge et de réparation : les boîtes crâniennes sont mortifiées, les estomacs font du yo-yo et on se jure de ne plus jamais, jamais picoler de la sorte. Un jour qu'on est content de voir filer avant même d'avoir jamais commencé. »

Dès les premières phrases du recueil de nouvelles Jeunes Loups, du jeune Irlandais Colin Barrett (34 ans), on sent la pâte d'un bon écrivain. Un de ceux qui, dès leurs premiers écrits, savent planter un sacré décor avec des personnages qui nous happent, sur des récits apparemment anodins.

BALLADE DÉSESPÉRÉE

Que nous conte Barrett ? Des jeunes Irlandais paumés, en mal de boulot, d'amour et d'idéal, souvent effacés, meurtris, violents parfois malgré eux. De ces « non-histoires », sa plume sait nous transporter dans les arrières salles, là où le malaise prend source, un peu comme Bruno Dumont dans son film La Vie de Jésus. Cette jeunesse désœuvrée qui erre de pubs en pubs, prenant parfois son aise dans les bois ou sur les toits, nous dit la mouise, les petits chaos qui font les grands désespoirs qui peuvent pousser au meurtre, au suicide ou pas…

En sept récits qui vont crescendo, l'auteur nous captive via des personnages sacrément attachants : Tug, « grandi dans une famille distordue par le chagrin », Arm et son petit, autiste, et puis toutes ces filles au caractère bien farouche, qui savent rembarrer autant qu'aimer. À part les bitures, les chassés-croisés sexuels sinon amoureux, il ne se passe pas grand-chose en apparence, quoiqu'il y ait toujours un môme disparu, une gamine abusée ou un assassinat de sang-froid…

Colin Barrett sait nous planter le quotidien, en y faisant surgir mine de rien l'exceptionnel et ses pépites qui se nichent dans la nonchalance, le mal de vivre voire l'envie de tuer. Avec Jeunes Loups, il signe un premier livre plein de grâce.

Jeunes Loups, de Colin Barrett, traduit de l'anglais par Bernard Cohen.

Éd. Payot-Rivages, 230 pages, 21 euros.