19 septembre 2022 | Mise à jour le 16 septembre 2022
Face aux atermoiements du patronat local alors que le pouvoir d'achat des travailleurs est gravement écorné par l'inflation, les syndicats belges se retrouveront à Bruxelles, le 21 septembre, pour une journée de mobilisation nationale.
La grande manifestation réunissant plus de 80 000 personnes à Bruxelles le 20 juin dernier, l'audience des syndicats par le Parlement belge quelques jours plus tard, le 29 juin, une première, pour demander des modifications à la loi dite « loi de 96 », laquelle détermine tous les deux ans le calcul de la marge des augmentations salariales, sont restées lettre morte. « Chacun est resté sur ses positions. Cela n'a rien donné et ne donnera certainement rien », regrette Thierry Bodson, le président de la Fédération générale du travail de Belgique. Qui a donc décidé « de relancer la mécanique » avec une nouvelle mobilisation. Pour prolonger le combat sur la réforme de la loi de 96, bien sûr, mais pas que.
Le patronat refuse de négocier
C'est qu'un nouvel obstacle patronal vient de sortir de la poche de la FEB, la Fédération des entreprises de Belgique. « Une fois tous les deux ans, le 15 septembre, les interlocuteurs sociaux sont priés de remettre un avis sur la ventilation d'une enveloppe que l'on appelle l'“Enveloppe bien-être” qui permet d'améliorer les allocations sociales, les pensions, le chômage principalement », explique Thierry Bodson. « Or les employeurs ont refusé de négocier et refuse que l'on remette cet avis ensemble. Ils prétendent que l'enveloppe mise à disposition par le gouvernement, de l'ordre de 900 millions d'euros pour 2022-2023, est mal calculée, trop élevée et doit être revue à la baisse, limitée à 60 % du montant actuel. Ils essaient de gagner du temps pour traîner jusqu'à la fin de l'année et mélanger cette négociation sur le bien-être et avec celles sur les salaires qui commenceront en décembre-janvier. »
Grève générale annoncée pour le 9 novembre
Un délai, des propositions incompréhensibles, insupportables pour beaucoup alors que «
l'inflation va tourner autour des 8-9 % pour l'année 2022, que les produits alimentaires de base ont augmenté de 30-35 % depuis janvier 2022 et que les factures de gaz et d'électricité ont été multipliées par trois malgré le passage de la TVA de 21 à 6 % », rappelle le président de la FGTB. Ce, quand «
Engie, le principal producteur d'électricité en Belgique augmente son bénéfice de l'ordre de 2 milliards d'euros en 2022, que les quatre principales banques belges engrangent 6 milliards minimum de bénéfices cette année et que la Banque nationale a publié durant l'été un rapport sur les marges bénéficiaires des entreprises pour l'année 2021 qui constate que ces marges ont été “historiques », les plus importantes de ces vingt-cinq dernières années ». Un cocktail qui peut s'avérer «
explosif » auprès d'une population qui, elle, se demande comment elle va payer ses factures et est «
assez remontée » contre les discours de la fédération patronale belge.
Autant dire que l'appel à la mobilisation pour ce 21 septembre ne devrait pas rester sans réponses. D'autant que se sont joint à la FGTB les deux autres syndicats belges. Mais attention, préviennent-ils, ceci n'est que le début, une répétition en attendant la grève générale annoncée à travers le pays pour le 9 novembre prochain.