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La Bourse pour la vie

18 juin 2015 | Mise à jour le 7 mars 2017
Par | Photo(s) : Rémy Gabalda/AFP
La Bourse pour la vie

La Ville rose met en demeure la CGT d'évacuer la Bourse du travail le 30 juin. Mais ses arguties financières et sa posture idéologique se heurtent à une solide résistance.

La Ville rose met en demeure la CGT d'évacuer la Bourse du travail le 30 juin. Mais ses arguties financières et sa posture idéologique se heurtent à une solide résistance.

Amer anniversaire. Tandis que la CGT souffle ses 120 ans, la mairie offre un drôle de cadeau aux militants haut-garonnais: la porte. Sauf à payer un loyer au prix du marché qui s'élève en moyenne, place Saint-Sernin, à 3500 euros le mètre carré. Pourquoi? La municipalité assume seule, depuis 2010 et la fin de la convention tripartite signée avec le département et la région, la charge locative du bâtiment. Elle s'est également occupée de la mise en sécurité du lieu pour le million d'euro. Pendant ce temps, la dotation versée par l'État ne cesse de fondre. Or, «comme vous le savez, la seule obligation d'hébergement relevant de la ville concerne les unions locales», justifie l'adjoint aux finances dans un courrier adressé le 16 février au secrétaire départemental.

«On ne conteste pas ce point, répond Cédric Caubère, secrétaire de l'Union départementale CGT. On rejette les arguments idéologiques, question de démocratie, et financiers. Le paiement du loyer est le fruit d'un usage historique, acquis grâce au rapport de force. Et la facture ne coûte que 3 centimes par an et par habitant de la Haute-Garonne. Pas cher payé pour une mission de service public qui participe à la richesse économique et sociale, culturelle et éducative, de la ville, de l'agglomération et du département.»

 

Un héritage bien vivant

Le bâtiment à la façade Art déco, classée aux Monuments historiques, rassemble 10 unions locales, plus de 700 syndicats et 15000 syndiqués. Elle abrite Radio Mon Païs, la radio de la CGT. Les locaux, environ 1500 mètres carrés, accueillent 4000 salariés tous les ans. Une quinzaine de salariés y travaille. «Il est hors de question de partir, martèle Cédric Caubère. Hors de question de laisser un endroit qui, outre qu'il fut construit par les militants et inauguré par Jean Jaurès lui-même, le 12 juin 1892, reste un point de repère pour les salariés. La Bourse du travail, à Toulouse, est aussi un lieu fondateur de la CGT. Elle constitue à la fois un héritage que nous avons reçu et un legs que nous transmettrons.» La Bourse, pour la vie.

Et c'est pas fini
Expulsion, contagion. Toulouse n'est pas la seule ville concernée, loin de là. La tendance amorcée depuis plusieurs années se confirme aujourd'hui, toutes tendances politiques confondues. Nice, Duclair, Le Blanc-Mesnil, Aubagne, Villejuif ou Foix, notamment, comptent au tableau des municipalités qui ont délogé, ou tentent de le faire, les militants syndicaux de leurs locaux.