À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
LOGEMENT

La CGT se dote d'un manifeste pour le droit au logement

3 avril 2025 | Mise à jour le 3 avril 2025
Par | Photo(s) : DR
La CGT se dote d'un manifeste pour le droit au logement

La CGT a présenté son manifeste pour le droit au logement à l'occasion des assises nationales du logement, organisées le 2 avril 2025 à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le syndicat veut faire de ce droit fondamental un enjeu de ses luttes.

Les chiffres sont éloquents. En 2023, 4,1 millions de personnes étaient mal logées, d'après la Fondation pour le logement des défavorisés. 2,7 millions de ménages sont dans l'attente d'un logement social. Alors que se loger est un besoin primaire, les foyers y consacrent en moyenne 27% de leurs revenus, voire la moitié dans les villes où les loyers flambent. La crise profonde du logement a des répercussions sur le quotidien des salariés, contraints de passer des heures dans les transports du fait de l'éloignement entre leur domicile et leur travail.

Frein à l'emploi

D'après la Fondation pour le logement des défavorisés, le logement est même devenu un frein à l'emploi, 19% des employeurs rapportent des refus d'embauche liés au problème de logement. La production de logements sociaux a atteint un niveau aussi bas que lors de la grande crise immobilière dans les années 90, pendant la guerre du Golfe. « Jusqu'en 2017, il y avait une espèce de consensus républicain autour du modèle social du logement, basé à la fois sur un parc socialisé et privé. La Macronie a rompu le pacte, ses députés sortis de nulle part se sont révélés plus dogmatiques que certains élus de droite, ancrés dans les réalités de leur territoire. Ces libéraux ne supportent pas que l'immobilier échappe au marché libre et non faussé. Le projet, plus ou moins assumé du président Emmanuel Macron est de réaliser la même purge du logement social qu'en Angleterre, sous Thatcher. La mixité sociale, l'aménagement du territoire, vivre dignement dans un logement, c'est totalement secondaire pour eux », résume Stéphane Peu, député communiste à l'initiative d'une proposition de loi portant six mesures d'urgence pour répondre à la crise du logement, invité aux assises nationales du logement organisées par la CGT mercredi 2 avril 2025 dans le patio, au siège à Montreuil.

Manifeste pour le droit au logement

A l'occasion, le syndicat a présenté son manifeste pour le droit au logement, un texte qui en sept points détaille ses propositions, parmi lesquelles la création d'un service public de l'habitat et du logement, le financement du logement social en lien avec la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), la relance de logements abordables, un plan spécifique de rénovation énergétique du parc HLM, le rétablissement du taux réel du 1% (de la masse salariale affectée au logement des salariés, actuellement à 0,45%), une représentation des salariés dans les territoires et les lieux institutionnels… « Le droit au logement n'est pas négociable. C'est un droit fondamental, qui a des implications sur le travail, l'éducation, et qui devrait être inscrit dans la Constitution. Aujourd'hui, des propositions de lois portées par l'extrême droite ou la droite font froid dans le dos, comme celle déposée en décembre 2024 d'accorder une priorité aux travailleurs français dans l'accès aux logements sociaux, ou encore celle de Guillaume Kasbarian contre le maintien à vie dans le logement social. Nous devons penser le logement comme un droit tout au long de la vie et le lier à nos autres campagnes portant par exemple sur les hausses de salaire, la Sécurité sociale », affirme Nathalie Bazire, secrétaire confédérale en charge des politiques publiques. Alors que le gouvernement Bayrou veut réarmer la France au détriment des droits sociaux, Patricia Téjas, militante cégétiste a souligné « la nécessité de recentrer l'épargne populaire et de la faire revenir entre les mains de la CDC, dont la mission est de financer du logement social ». L'initiative de la CGT est saluée par Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du logement en 2016 et présidente de l'Union sociale pour l'habitat. « Depuis 2017, il y a un projet très pensé de déliter les politiques de financement public du logement. Il importe que les syndicats remettent ces questions à l'ordre du jour de manière offensive, au vu de la crise du logement. Lier les questions du droit au logement avec la vie du salarié, sa capacité à trouver sa place dans la société, à trouver un travail, s'avère essentiel, affirme l'ancienne ministre,  qui ajoute : « nous n'avons jamais eu autant de ménages sur liste d'attente pour un logement social ».

Le logement, un enjeu syndical

Confrontés aux difficultés de logement des salariés, des militants syndicaux tentent d'activer les quelques leviers à leurs dispositions, notamment via la gestion du 1% logement. Dans les grandes entreprises telles que la SNCF, la RATP, la Poste, les solutions sont plus simples à trouver. « Les comités sociaux et économiques (CSE) font un suivi sur la gestion du patrimoine de la SNCF, qui possède encore un parc de 110 000 logements, dont 7000 foyers meublés. Notre objectif est développer un parcours qui correspond aux besoins tout au long de sa vie, du foyer meublé à l'appartement familial », explique Pascal Chevalier, de la CGT des Cheminots. Lequel note une progression des demandes de logement sociaux en PLAI, (prêt locatif aidé d’intégration) passées de 8% à 33% en cinq ans, du fait de la précarisation des cheminots qui ne sont plus embauchés  sous statut. A la RATP, l’accès au logement, identifié comme un problème dans le recrutement et l’accès à l'emploi, fait l’objet d’un accord d’entreprise.  » 810 familles ont pu bénéficier d’un logement social, sur 3500-4000 demandes. Vu le prix des loyers à Paris et en petite couronne, c’est compliqué de se loger près du lieu d'activité. Quand on est machiniste ou conducteur de métro, qu'on doit sortir les premiers bus ou les premiers trains, on n’a pas d’autres choix que de prendre sa voiture », témoigne Thibault Dasquet, de la CGT-RATP. « Le capital a réussi à nous faire croire que le logement était une question individuelle alors qu’elle est éminemment collective », conclut Pascal Chevalier.