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Manifestation contre la réforme des retraites, Paris 11 janvier 2019
Manifestation contre la réforme des retraites, Paris 11 janvier 2019
En dépit des tentatives de division du gouvernement qui mise sur l'épuisement du mouvement social, grèves et manifestations se poursuivent pour le retrait du projet de réformes des retraites et l'amélioration, au contraire, de notre système solidaire. Reportage dans le cortège parisien du 11 janvier.
Au trente-huitième jour de grève, la détermination de l'intersyndicale (CGT, FO, CGC, Solidaires, FSU, Unef, UNL, MNL) et de la majorité des salariés du pays contre le projet de retraites à points du gouvernement reste intacte.
Ils l'ont montré dans la rue pour la cinquième journée de manifestation interprofessionnelle samedi 11 janvier, défilant par centaines de milliers dans tout le pays, parfois en famille, dont quelque 150 000 à Paris.
Les textes de loi (dites organique et ordinaire) de réforme systémique des retraites que vient de présenter le Premier ministre traduisent en effet quasiment mot pour mot le projet qu'il avait déjà décliné le 11 décembre dernier, lors de sa présentation au Conseil économique, social et environnemental (CESE), en dépit de plusieurs réunions pourtant dites de négociations avec les organisations syndicales et patronales.
Âge pivot : un pas du gouvernement vers la CFDT
Comme nombre d'observateurs l'avaient anticipé, Édouard Philippe a fait un pas samedi en direction de la CFDT, qui refuse le principe de l'âge pivot, mais soutient le projet gouvernemental de retraites à points.
« Je suis disposé à retirer du projet de loi la mesure de court terme que j'avais proposée, consistant à converger progressivement à partir de 2022 vers un âge d'équilibre de 64 ans en 2027 » a-t-il dit, tout en maintenant le principe d'un « âge d'équilibre ».
Un retrait provisoire et sous conditions toutefois, puisqu'il entend « atteindre l'équilibre financier en 2027 » et que faute d'accord sur le financement d'ici fin avril avec les organisations syndicales, le gouvernement imposera ses mesures par ordonnance.
Reste l'essentiel : un système de retraites à points
Pour l'intersyndicale, l'essentiel n'est pas là. Mais dans la volonté du gouvernement d'imposer sa réforme systémique, qui vise à transformer un régime solidaire par répartition en système par points. D'autant que le projet de loi rendu public encourage clairement les assurances à développer massivement les dispositifs d'épargne-retraite. Ce qui confirme l'objectif de recours à la capitalisation, les assurances s'ouvrant alors un très large marché.
Ainsi François Hommeril, président de la CFE-CGC, a-t-il de nouveau fustigé « un projet inutile, dangereux, qui doit être retiré » ajoutant qu'avec cette réforme, « on aura le choix soit entre travailler plus longtemps ou gagner moins en retraite ».
« Passage au système à points, abandon du calcul sur les 25 meilleures années, montant des retraites bloqué à 14 % du PIB : voici les grandes lignes de la réforme des retraites concoctée par le gouvernement d'Emmanuel Macron », rappelle quant à elle la CGT. « En plus de ces baisses mécaniques, la valeur du point pourrait bien être à géométrie variable, fluctuant au gré des conjonctures économiques ou de l'espérance de vie », souligne la confédération.
La centrale de Montreuil, qui revendique « un départ à la retraite à 60 ans à taux plein et un revenu de remplacement à 75 % du revenu net d'activité (…), avec un minimum fixé au niveau du Smic » rappelle aussi que les moyens pour financer la retraite ne manquent pas : « suppression des exonérations de cotisations sociales patronales, soit 20 milliards d'euros de plus pour la Sécurité sociale ; création d'une contribution sociale sur les revenus financiers distribués par les entreprises, à un taux équivalent aux cotisations employeurs sur les salaires, soit 30 milliards d'euros ; lutte contre l'évasion fiscale et sociale estimée entre 60 et 80 milliards d'euros chaque année… », mais aussi égalité salariale entre femmes et hommes.
Bref, de quoi vivre une retraite décente et en bonne santé, avec en outre un horizon économique qui ne soit plus celui que présente Emmanuel Macron : un avenir de pérennisation du chômage de masse.
Le gouvernement joue l'épuisement
Alors que ce mouvement de grève et de mobilisation est déjà l'un des plus longs de ces dernières décennies, le gouvernement espère jouer l'épuisement.
Après avoir méprisé le dialogue social et cherché à transformer les réunions de négociations en chambres d'enregistrement de ses décisions, il choisit ses « partenaires » et stigmatise les autres, aidé par des campagnes médiatiques notamment sur des chaînes d'information en continu.
La mobilisation se poursuit
Les manifestants lui ont de nouveau répondu ce samedi, comme le font les grévistes de nombreux secteurs et toutes celles et tous ceux qui continuent de donner aux caisses de grève.
L'intersyndicale appelle ainsi à de nouvelles actions les 14, 15 et 16 janvier pour obtenir le retrait de la réforme des retraites. Le 14 sera une « journée de grèves et de convergence interprofessionnelles », et d'autres initiatives doivent avoir lieu mercredi 15 et jeudi 16 janvier.
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