
Un rendez-vous pour rien
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Ils étaient là. Agents de la fonction publique, salariés du privé, retraités, étudiants… « tous ensemble » ont convergé hier au départ du cortège, place Denfert-Rochereau. A Paris, comme dans les quelque 200 manifestations programmées à travers la France, près de 250 000 personnes ont répondu à l'appel pour cette journée de mobilisation interprofessionnelle, afin de défendre les salaires, réclamer une augmentation des minima sociaux ainsi qu'une retraite digne face à une réforme qui menace de porter l'âge de départ à 65 ans.
« Cette réforme nous pend au nez et ce n'est pas en janvier qu'il faudra s'y prendre pour la contrer », analyse Matthieu, 34 ans, professeur de mathématiques dans un collège d'Ivry-sur-Seine (94).
« Aujourd'hui, il y a des gens qui partent à la retraite avec moins de 800 euros par mois, c'est impossible de vivre dignement ainsi et ça risque d'empirer avec ce que prévoit le gouvernement », affirme Soanali, manipulatrice au service de radiologie de l'hôpital Bichat, à Paris. Elle revendique aussi des conditions de travail dignes car « la vie augmente et les salaires ne suivent pas. Nous voulons une reconnaissance de nos qualifications. En radiologie, les machines évoluent tout le temps, nos compétences aussi, mais les salaires stagnent. »
Un constat partagé par nombre de manifestants, qui témoignent de la difficulté à joindre les deux bouts face à l'inflation.
« On voit bien que certaines familles ne parviennent plus à subvenir aux besoins de leurs enfants. Certains arrivent parfois en classe le ventre vide. Le gouvernement affirme que tout va bien. Nous sommes là pour dire que ça ne va pas », affirme Nassima, 53 ans, professeure de physique dans un collège du XIXe arrondissement de Paris.
Baisse du pouvoir d'achat, casse des services publics, fermeture des lits à l'hôpital, manque de personnel soignant : les banderoles déployées le long du cortège témoignent de la multitude de maux auxquels la population est confrontée.
« On est tellement mal payés qu'on n'arrive plus à recruter. A Bac+5, on finit notre carrière à 2400 euros par mois », déplore Violaine, 53 ans, orthophoniste dans un Centre médico-psychologique (CMP), pour qui ces salaires non-attractifs entraînent une dégradation de la capacité à répondre à la demande. « La conséquence est que des enfants ayant besoin de soins sont livrés à eux-mêmes. C'est un mauvais calcul pour l'avenir », analyse-t-elle.
« Face à tous ces mauvais coups, il y a une colère qui s'intensifie. La mobilisation est à la hauteur de cette colère aussi bien chez les travailleurs du public que du privé », note Eric Alligner, secrétaire général CGT Energie 93.
Une colère et une révolte qui s'expriment dans nombre de mobilisations et de grèves au sein des entreprises. Comme dans le groupe Au bout du champ, une chaîne de fruits et légumes, où les employés dénoncent depuis plusieurs mois des conditions de travail leur imposant de porter des caisses de plusieurs kilos dans le froid, sans tenue adaptée, pour un salaire dérisoire.
« Quand on demande une augmentation pour compenser, on nous répond que c'est la crise, mais ça ne les empêche pas d'ouvrir d'autres magasins. De l'argent, ils en ont ! », lance Héléna, une employée de 25 ans, déterminée à poursuivre avec ses collègues la lutte au sein de son entreprise et la mobilisation dans la rue, qui s'annonce intense dans les mois à venir.
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