
Mobilisés pour défendre l'Etat de droit
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Surprise, non. Nous assistons à une très forte réaction anti-juges portée notamment par les droites et l'extrême droite depuis l'affaire Fillon de 2017 qui a pris de l'ampleur en 2025, et d'abord, au détour de l'affaire des assistants parlementaires du RN qui à donné lieu en mars dernier à de très violentes critiques de juges dits « rouges ». Ensuite et dans la foulée, avec l'affaire Rachida Dati. Il faut rappeler que celle qui fut Garde des Sceaux sous la présidence Sarkozy nous a carrément traités d' « incompétents ». Les réactions de la sphère politique et de leurs relais médiatiques qui s'émeuvent de cette troisième condamnation de Nicolas Sarkozy n'ont dont rien de surprenant, ni de choquant. En revanche, il faut remarquer qu'à l'issue de ce dernier procès d'un ex-président déjà condamné par deux fois pour les affaires Bygmalion et pour « trafic d'influence » avec corruption d'un magistrat de Monaco- les attaques contre la magistrature prennent de nouvelles proportions et qu'elles changent de nature.
Les attaques et la contestation du travail des juges dans ce procès Sarkozy sur l'affaire Libyenne empruntent de plus en plus aux méthodes caractéristiques de la criminalité organisée et du grand banditisme. La nature des représailles actuelles contre les juges, c'est du jamais vu. Nous avons là une magistrate qui reçoit quotidiennement des photos de guillotines, de femmes tondues et des menaces de mort émanant de personnes qui connaissent son adresse domiciliaire.
Il y a là un détournement, voire une inversion de la gravité des faits reprochés à monsieur Sarkozy. Les 400 pages du jugement rendu le 25 septembre basé sur 10 ans d'enquêtes judiciaires montrent sans ambiguïté que la France a été dirigée par une association de malfaiteurs depuis au moins 2007 et jusqu'à 2012. C'est vertigineux. Et c'est gravissime car cela signifie que le suffrage universel a été totalement faussé. Rappelons à ce seul titre que les juges, quel que soit leur bord politique, ne s'autosaisissent pas et qu'ils ne font qu'appliquer des lois qu'ils n'écrivent pas ni ne choisissent.
Notre Etat de droit* dont la magistrature est un pilier fondamental, ainsi que notre démocratie, sont en effet en grand danger. C'est l'aboutissement d'un long cheminement parsemé d'attaques par des politiques qui ne supportent pas ou n'acceptent pas le principe de séparation des pouvoirs et d'indépendance de la justice. Ces atteintes à l'Etat de droit* se sont intensifiées au cours des 20 dernières années avec la promulgation de lois sécuritaires et de lois d'exception en raison de menaces terroristes. On voit bien dans toutes les manifestations sociales actuelles ce que ces lois ont produit : des restrictions des libertés individuelles et civiles réprimées par le moyen de la violence policière. En réalité, la justice a toujours été un pouvoir bien faible par rapport au pouvoir du politique. En dépit de quoi, et c'est tout le paradoxe de cette affaire Sarkozy, notre justice parvient encore à fonctionner et même à condamner un ancien président pour des faits graves, ce que la presse étrangère a d'ailleurs largement salué.
A une stratégie anti-juges, mais hors normes et qui, abondement relayée par les médias, permet à l'ex-président de faire diversion et d'éviter de parler du fond de l'affaire dont il a eu à répondre. Il n'y a qu'à voir les plateaux télé très mal équilibrés où sévissent majoritairement des soutiens inconditionnels de l'ancien président qui appuient et soutiennent sa cabale anti-juges, lesquels, pour rappel, ne peuvent s'exprimer ni riposter puisqu'ils sont tenus à un devoir de réserve.
J'y suis personnellement très favorable et je soutiens la proposition du nouveau président du tribunal judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh-Marzban, qui appelle la plus grande juridiction de France à « évoluer » dans sa communication à l’heure des attaques qui la visent ». Car tout comme lui, je considère que les accusations de « justice politique » opposées aux condamnations par le tribunal de Paris de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy risquent de saper les bases de notre droit et les fondements mêmes de notre démocratie ».
*Principes de l'Etat de droit :

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