4 mai 2015 | Mise à jour le 9 mars 2017
Au-delà de la crise économique que connaît l’Europe, les Belges doivent aussi régler une grave crise politique cristallisée, notamment, par la résurgence de partis nationalistes, en Flandre, partisans d’une scission entre les communautés flamandes et wallonnes. Qu’à cela ne tienne, pour la FGTB, il existe une solution unique aux deux problèmes: la solidarité.
Le syndicat FGTB-ABVV a décidé d’appeler ses militants à manifester le 1er Mai autour du mot d’ordre «Solidarité plus que jamais». Pour Marc Goblet, secrétaire général du syndicat, il s’agit de «sauvegarder la sécurité sociale, préserver le pouvoir d’achat, préserver les services publics de qualité» en travaillant à une «fiscalité plus juste» et «des investissements et une politique de relance qui permettent la création d'emplois durables et de qualité».
Un programme chargé donc pour la Belgique, dont le gouvernement ne compte, pour la première fois depuis 25 ans, aucun socialiste. Cette année, un grand défilé auquel le parti socialiste belge n’a pas été convié sera organisé à Namur, mais le syndicat organise également des ateliers et activités aux quatre coins du pays.
SCALA MOBILE
La Belgique est le seul pays européen, avec le Luxembourg, à pratiquer la «scala mobile», cette indexation automatique des salaires sur l’indice des prix à la consommation. Mais le gouvernement actuel prévoit de limiter ce système aux périodes d’inflation supérieure à 2%.
Pour les travailleurs, «ça veut dire qu’ils vont subir une perte de 2% sur leurs salaires», déplore Marc Goblet, ce qui représenterait une perte annuelle équivalente à 4,5 jours de travail.
Mais l’impact serait d’autant plus fort sur le long terme. En effet, comme le précise Goblet, «sur une carrière complète, ça représente l’équivalent d’une année de salaire dans le calcul de la pension».
FÉDÉRALISME VS. CONFÉDÉRALISME
Si la N-VA, le parti nationaliste néerlandophone, premier parti flamand, a officiellement abandonné son projet d’une Flandre indépendante, il vise néanmoins, aujourd’hui, l'établissement d’une Belgique confédérale. Actuellement dotée d’une constitution fédérale, la nuance est importante pour la Belgique.
Ce projet d’attribuer de fortes compétences aux régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles), au détriment de l’État central n’est pas sans inquiéter les syndicats. «C’est une rupture des solidarités entre les plus forts et les plus faibles», souligne Marc Goblet.
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LE PROBLÈME TAFTA
Au delà des problématiques propres à la Belgique, les syndicats belges se prononcent également contre le projet TTIP, ce traité de libre-échange transatlantique plus connu en France sous l'acronyme TAFTA.
«On ne peut pas s’inscrire dans la logique du TTIP», explique Goblet, plus opposé aux conditions de négociations qu’à l’idée même du traité. Selon lui, le traité risque de «remettre en cause toute une série d'éléments du modèle social européen» et de retirer, à l’Europe, la possibilité de développer son activité économique.
UNE EUROPE SOCIALE
Pour le syndicaliste belge, c’est d’abord au niveau européen qu’il faut faire avancer les choses. La FGTB travaille actuellement avec la Confédération européenne des syndicats sur une longue série de revendications à l’échelle du continent.
Ce que désire Goblet, c’est un véritable espace économique et social «qui n’est pas une Europe où on organise la concurrence entre les intérêts européens», mais plutôt un espace dans lequel se négocieraient un salaire minimum, une harmonisation sociale et fiscale, la lutte contre le dumping social lié à la directive sur le travail détaché, ou encore un plan de relance pour la création d'emplois et d’activité, le tout à l'échelle européenne.