À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
PRESSE

Le gouvernement supprime sa rubrique Désinfox, mais les attaques contre la presse continuent

6 mai 2020 | Mise à jour le 6 mai 2020
Par | Photo(s) : Xose Bouzas /AFP
Le gouvernement supprime sa rubrique Désinfox, mais les attaques contre la presse continuent

Le gouvernement avait lancé une page de désintox officielle sur son site, reprenant des articles de presse qu'il validait comme vérifiés. Après plusieurs jours de bronca, il revient sur sa décision et le ministre de la Culture, Franck Riester, annonce hier l'arrêt de la rubrique. Mais c'est une nouvelle étape de franchie par le pouvoir.

« Désinfox coronavirus ». C'était le titre de la rubrique lancée par le Service d'information du gouvernement (SIG) sur le site du gouvernement et désormais désavouée. Il aura fallu que de nombreuses voix s'élèvent, tant du côté de la presse que des syndicats et des partis politiques pour dénoncer ce mélange des genres, pour que le gouvernement rétropédale.

Créer une information « officielle »

La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, avait annoncé le lancement de la rubrique fin avril, en expliquant que le foisonnement de fake news sur l'épidémie avait conduit le gouvernement à créer ce qu'ils voulaient être un nouvel outil de fact-checking.


Sur cette page étaient présents des liens vers des articles en ligne de différents médias Le Monde, Libération, 20 minutes, Franceinfo, AFP… Rapportant l'existence de ce nouvel outil gouvernemental, les médias concernés avaient précisé qu'ils n'avaient à, aucun moment, demandé à y figurer.

Une rubrique dénoncée par toute la presse

La question du choix des titres de presse cités était évidente, et la sélection d'articles, jamais en défaveur de l'action de l'exécutif, démontraient clairement le problème déontologique et démocratique posé par cet outil. Le SNJ-CGT avait dénoncé cette estampille gouvernementale pour distinguer la bonne information de la mauvaise.


Des sociétés de journalistes (SDJ) et de rédacteurs (SDR) de plusieurs dizaines de médias avaient aussi décrié la rubrique dans un texte sorti dimanche 3 mai « l'État n'est pas l'arbitre de l'information».

Rappelant que « La presse française est indépendante de l'État et du pouvoir politique », les organisations expliquaient que « le pouvoir actuel démontre, une fois encore, la défiance qu'il nourrit à l'endroit d'une presse libre et plurielle ». Elles demandaient l'arrêt immédiat de cette rubrique, finalement obtenu.

Une nouvelle attaque contre la presse

En soulignant que Macron et sa majorité n'en étaient pas à leur coup d'essai quant à leur piteux rapport à la liberté de la presse, le texte des SDJ venait renforcer l'analyse du SNJ CGT. Depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, ce syndicat dénonce les attaques dont la presse est la cible.

L'association de la presse présidentielle, pas exactement vindicative, avait, à plusieurs reprises, sorti des communiqués pour alerter sur les changements à l'Élysée sur la salle de presse, sur le rapport du président aux journalistes indiquant une « dégradation inédite sous un quinquennat » des relations entre les différents médias et le service de presse.

Dans son communiqué sur Désinfox, le SNJ CGT rappelait, lui, que « L'État français est très fortement montré du doigt » dans le bilan annuel 2020 du Conseil de l'Europe de sa Plateforme sur la protection du journalisme. Il soulevait également que plusieurs centaines de journalistes, depuis le début des manifestations des gilets jaunes avaient été empêchés de travailler, arrêté, violenté ou blessé.

Un climat français dangereux pour la liberté de la presse

Reporters sans frontières (RSF) donne à la France la 34e place mondiale dans son classement de la liberté de la presse, en chute par rapport à 2019. L'ONG soulignait la « hausse très inquiétante d'attaques et de pressions contre les journalistes » et évoque les pressions judiciaires qui font florès.

Un code de la liberté de la presse pour la police

Convocation de journalistes par les renseignements intérieurs français (à la suite d'articles sur les ventes d'armes françaises ou l'affaire Benalla), loi sur le secret des affaires, loi contre les fake news en 2018… L'arsenal légal et policier déployé contre les journalistes est inédit depuis 2017.

L'hybris du pouvoir semble permanente, dans son désir — légitime — de maitriser sa communication, les journalistes et la presse sont vus comme un problème à contourner ou un souci à éviter. Sa dernière action, une tentative d'établir une hiérarchie dans l'information avec cette rubrique désinfox était non seulement bien maladroite, mais surtout très malvenue. Un mélange des genres grave pour un gouvernement d'un pays démocratique.

Secret des affaires : associations et syndicats s'associent au recours constitutionnel

Suivez la NVO sur FacebookTwitterInstagram