Le grand Tiken Jah
Le grand Tiken Jah Fakoly – au sens propre comme au figuré – nous revient avec un album plein de saveurs et d'humeurs. Il lance ce « Dernier appel » pour sauver l'Afrique qui se meurt de misère, de guerre et de maladie (70 % des personnes infectées par le virus du sida dans le monde sont africaines). S'il convie la diaspora africaine à embarquer au plus vite dans ce charter de l'urgence, il en appelle surtout à une union des Africains et prévient :
« Quand l'Afrique va se réveiller, ça va faire mal, mal, mal, mal […].Elle a dormi pendant 40 ans, esclavagisée pendant 400 ans, elle s'est battue pendant trop longtemps, si elle se lève aujourd'hui pour dire non, c'est qu'elle a des raisons. » Au fil de ses albums, ses paroles s'aiguisent et sonnent toujours plus justes comme son reggae cuivré et savamment rythmé.
Et même un anglais approximatif suffit pour comprendre que règne « too much confusion » et « corruption in Africa nation ». On savoure son « War Ina Babylon », un classique du jamaïcain Max Romeo. Mais qu'on ne s'y trompe pas, et c'est là où réside le génie de l'artiste, si les morceaux sont dansants, ils ne manquent ni d'interrogations, ni de dénonciations. « Tout le monde veut le paradis mais personne ne veut payer le prix. » Né en 1968, en Côte d'Ivoire, Tiken Jah Fakoly sait de quoi il parle.
Dans « Plus rien ne m'étonne », il y a quelques années, il nous contait le partage du monde et de l'Afrique ; les politiciens corrompus et la guerre qui déchirait son pays dans « Ma Côte d'Ivoire ». Et chantait « Non à l'excision ». Le revoilà plus combatif que jamais, armé de son porte-voix, il part en tournée dès cet été un peu partout en France. Il serait plus que dommage de le louper.
Dernier appel, de Tiken Jah Fakoly. Barclay, 16 e Toutes les dates : www.tikenjah.net