20 avril 2020 | Mise à jour le 6 mai 2020
« Nous serons impitoyables sur la mise en danger de la vie d'autrui, car on ne va pas au travail pour mourir ! ». C'est par cette menace explicite et solennelle que quatre organisations syndicales de la construction (CGT, FO, CGC, CFTC) ont réagi à la publication d'un guide patronal de bonnes pratiques destiné à la reprise du travail.
Les quatre syndicats représentatifs des travailleurs de la construction s'appuyant sur l'article 3 du décret no 2020-293 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de COVID-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire estiment que l'incitation à reprendre le travail est contraire au justificatif de déplacement professionnel réalisé en application de cette ordonnance. Car cette attestation évoque des travaux ne pouvant être différés.
La pression patronale des grands groupes du BTP se fait de plus en plus forte. C'est ainsi que chez Vinci la direction a décidé la réouverture de chantiers sans urgence vitale en se référant aux préconisations du guide publié par l'OPPBTP qui, selon le représentant CGT au comité de groupe « n'est destiné qu'à fournir une protection juridique aux employeurs, n'a pas été validé par l'écrasante majorité des organisations syndicales du BTP siégeant au Conseil d'administration de l'OPPBT » (seule la CFDT, syndicat minoritaire dans la branche, apporte sa caution à ce document).
Les quatre fédérations syndicales estiment que l'objectif de ce guide de bonnes pratiques est bien de faire reprendre l'activité en protégeant juridiquement les employeurs, en utilisant des formules comme « il est recommandé », « dans la mesure du possible », « selon disponibilité » ou en restant flou sur la personne à qui incombe les obligations : « un nettoyage toutes les deux heures est indispensable », mais sans préciser si c'est l'employeur, le salarié où une entreprise spécialisée qui le fait.
Les syndicats veulent des protections pour les salariés
Les quatre organisations syndicales auraient souhaité que ce guide de bonnes pratiques mentionne des points aussi importants que « la reprise d'activité pour les travaux urgents ; l'interdiction d'accès aux chantiers et aux ateliers des apprentis, stagiaires et alternants ; une reprise d'activité dès lors que lorsque le pic de pandémie sera dépassé ; un dépistage systématique à l'entrée des chantiers ; la décision de reprise soit actée en accord avec le CISSCT ou des élus de chaque entreprise concernée (CPRIA pour l'artisanat) ».
Faute d'avoir obtenu ces mesures de protection, les syndicats demandent aux salariés de « rester chez eux ou d'utiliser leur droit de retrait, en l'absence d'équipements de protection individuels nécessaires ou dans l'impossibilité d'exécuter les gestes barrières, où s'ils se sentent en danger ». Ils invitent aussi leurs élus du personnel à déclencher des droits d'alertes autant que nécessaire et de diligenter un expert pour connaitre les conséquences sur les conditions de travail des salariés et de leur santé.