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Coronavirus

Macron vire le directeur de l’ARS Grand Est, mais pas son plan hospitalier

13 avril 2020 | Mise à jour le 4 février 2021
Par | Photo(s) : Google Streetview
Macron vire le directeur de l’ARS Grand Est, mais pas son plan hospitalier

En pleine crise du Covid-19, les déclarations provocatrices du directeur de l'ARS Grand Est sur le maintien de la suppression de 598 emplois et 174 lits au CHRU de Nancy lui ont coûté son poste. Pour autant, ce plan et les projets délétères pour l'hôpital ne sont pas remis en cause.

« Il a servi de fusible. Il est certain que ses propos étaient inacceptables et qu'il devait partir, mais ce qui doit surtout partir avec lui, c'est toute la politique qui a été menée au CHRU de Nancy depuis des années et le plan Copermo » réagit Julien Hézard, secrétaire général de l'UD CGT de Meurthe-et-Moselle après l'annonce du limogeage de Christophe Lannelongue, directeur de l'ARS Grand Est à l'issue du Conseil des ministres du 8 avril 2020.

Un plan assassin pour l'hôpital

Le plan du Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins, dit plan « Copermo » dans la novlangue néo-technocratique de la start-up nation n'est ni plus ni moins que des mesures de restrictions drastiques appliquées pour l'hôpital public conforment aux orientations ministérielles sur l'ensemble du territoire national. Ce sont les mêmes mesures issues des ONDAM et autres PLFSS successifs qui ont plongé les services d'urgences dans une situation dramatique avec des grèves snobées par le gouvernement depuis des mois et des mois.

La déclinaison locale des plans nationaux a été adoptée en juillet 2019 par l'ARS Grand Est et elle se traduit par un plan de suppression de 598 emplois et de 174 lits au CHRU de Nancy. Interrogé par la presse sur la situation dans les hôpitaux au cœur d'une région complètement débordée par le Covid-19, le directeur de l'ARS a cru bon rappeler que le plan Copermo était toujours d'actualité.

Des propos qui ont provoqué une levée de boucliers de quasiment l'ensemble des élus locaux et régionaux. De fait, le ministre de la Santé s'est ainsi vu contraint de monter au créneau en précisant que « tous les plans de restructurations des hôpitaux sont suspendus à la grande consultation qui suivra ». « Suspendu, ce n'est pas supprimé ! » note Julien Hézard.

« Il y a des gens qui sont au chaud comme les responsables de la CGT »

Interrogé par France 3 Lorraine, le directeur de l'ARS s'en était pris directement à la CGT pour ce qu'elle critiquait les suppressions de postes, de lits, les regroupements hospitaliers en général et celui sur Nancy en particulier : « … ce qu’oublie de dire la CGT, c’est que c’est un projet magnifique. Je le répète : un projet de 500 millions d’euros, un projet qui a été construit avec le personnel et porté par toute la communauté hospitalière du CHRU. Ce projet, c’est le regroupement des activités sur un seul site à Nancy. Un enfant de 4 ans comprendrait que lorsqu’on passe de sept sites à un seul, il y a une possibilité de rationalisation. On va pouvoir redéployer du personnel pour développer l’activité. »

Bien sûr, la priorité du système de santé est de se « rationaliser », quant à soigner tous et bien, c'est peut-être un peu trop lui demander.

La lettre de la CGT Grand Est est restée sans réponse

Il faut reconnaître que Christophe Lannelongue a fait preuve d'une finesse politique comparable à celle d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, allant jusqu'à insulter la CGT et ses militants qui l'avaient interpelé, il y a quelques jours, sur la situation dramatique que vivaient les personnels dans les hôpitaux.

Ainsi, après avoir ignoré un récent courrier de la CGT Grand Est, la réponse est intervenue par voie de presse sous forme d'une interview à l'Est Républicain, où il explique notamment : « Il y a des gens qui sont au chaud comme les responsables de la CGT ». Et d'y voir un complot contre sa personne entre la presse, les élus locaux de droite et la CGT…

« Après la réaction du syndicat CGT de l'hôpital de Nancy, il a cassé la CGT alors que nos camarades sont sur la brèche douze heures par jour ou dans la réserve sanitaire tant en doublant avec leur activité syndicale » s'insurge encore Denis Schnabel, secrétaire général de la CGT Grand Est qui qualifie ses propos de « honteux et extrémistes » alors qu'il n'avait pas répondu à son précédent courrier.

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L'arnaque à prévoir sur le plan santé

S'il est bien quelqu'un qui aujourd'hui veut se montrer sur tous les fronts de l'hôpital, c'est bien Emmanuel Macron. Entre son discours devant les tentes militaires de l'hôpital de Mulhouse et sa visite surprise dans le service du professeur Raoult à Marseille, il ferait presque pitié tant sa stratégie de communication transpire la fébrilité et les virages à 180°.

Raison de plus pour se méfier totalement des déclarations en décalage avec la politique suivie jusqu'à présent. En date du 1er avril 2020 – mais ce n'est pas un poisson – Médiapart dévoilait une note de la Caisse et Dépôts et Consignations qui en disait un peu plus sur ce que prévoyait le gouvernement en matière de santé. Surprise : c'est surtout en direction des PPP (partenariats publics privés) que seraient orientés les fonds destinés à relever la santé.

Fidèle à sa politique de start-up nation, la note prévoit aussi de valoriser les « plus de 700 startup medtech en France » pour « favoriser le déploiement de solutions numériques à forte valeur ajoutée et impact sur l'efficience des soins. » Et l'hôpital public alors ? Et bien rien. Finalement, M. Lannelongue a bien raison quand il dit « Moi, je fais mon boulot. J’applique ce que le ministère a décidé. »

Ce n'est ni à cause de la presse, ni à cause des élus et encore moins à cause de la CGT que M. Lannelongue a perdu sa place, mais tout simplement parce qu'il a dit cette vérité là. Et ça, un enfant de 4 ans le comprendrait…

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