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LIVRE

« Le métal au cœur », une histoire de la fédération CGT de la métallurgie

2 avril 2021 | Mise à jour le 25 mars 2021
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« Le métal au cœur », une histoire de la fédération CGT de la métallurgie

L'histoire de la CGT métallurgie est celle d'une organisation audacieuse. De 1909 à nos jours, elle a perdu des batailles et remporté d'immenses victoires. Elle a produit des dirigeants aussi prestigieux qu'Ambroise Croizat, le père de la Sécurité sociale. Un passé riche d'enseignements pour analyser le présent et dessiner l'avenir. Un livre nous permet de la connaître.

« Les expériences et les parcours d'engagement qui ressortent au fil des pages de ce livre n'ont pas vocation à s'imposer comme modèles, mais comme un savoir, un héritage un point d'appui pour aider au syndicalisme du quotidien et renforcer l'expression des revendications d'aujourd'hui », écrit Frédéric Sanchez, secrétaire général de la fédération CGT des Travailleurs de la Métallurgie (FTM CGT) dans la préface de Métal au cœur.

Un héritage

Si un tel livre voit le jour, c'est qu'il n'existe plus d'ouvrage de référence disponible pour les militants de cette organisation depuis Les hommes du métal écrit en 1986, aujourd'hui inaccessible. L'Institut d'histoire sociale de la CGT et la FTM CGT ont donc confié à Éméric Tellier, historien et archiviste de la fédération la tâche d'y remédier.

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À l'occasion des 110 ans de la fédération, l'historien s'était plongé pendant un an dans les archives de la fédération en publiant une série d'articles. L'idée d'en faire un livre s'est peu à peu imposée pour permettre de redécouvrir ce passé extrêmement riche de professions à la diversité méconnue qui va du sidérurgiste au joaillier. Des professions soumises à des soubresauts violents avec des effectifs qui culminent à 3,1 millions de salariés au début des années 1970, pour ensuite subir la déflagration de la désindustrialisation et fondre à quelque 1,8 million de métallos aujourd'hui.

Le résultat des recherches d'Éméric Tellier est un livre qui offre des repères historiques clairs, des éclairages sur plus d'un siècle de débats internes variés, des focus sur des luttes emblématiques, parfois réprimées, parfois victorieuses, la manière dont s'imbriquent les revendications et les conquis sociaux. De par la portée de son analyse et ses éléments de culture politique générale, l'intérêt d'un tel travail dépasse largement le cadre des seuls militants de la CGT métallurgie.

Des chiffres qui parlent

En parallèle aux évolutions de la profession, on découvre l'impact de la syndicalisation. À travers les époques, on s'attendrait à des courbes du nombre de syndiqués qui épousent les reculs ou les avancées. En réalité, ce sont des bonds gigantesques, mais peu durables liés aux moments historiques des conquêtes sociales, tandis que le faible taux de syndicalisation reste un phénomène récurrent. Malgré la brutalité de la désyndicalisation des années 1980, les effectifs actuels de cette fédération CGT (environ 55 000 adhérents) témoignent d'une relative stabilité face à l'érosion depuis les années 90, et d'une capacité de résilience importante.

À l'échelle de ses 111 ans d'histoire, les effectifs actuels de la FTM CGT auraient certainement fait envie à leurs camarades de 1934, qui en additionnant ceux de la CGT et de la CGTU de l'époque atteignaient péniblement 15 000 syndiqués. Tandis que deux ans plus tard, ils devaient se retrouver dans une fédération CGT réunifiée avec plus de… 600 000 adhérents !

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Au cœur d'un projet de société

Évidemment, le Front populaire était passé par là. Et la FTM CGT d'atteindre même plus de 950 000 adhérents à la Libération. Deux moments de croissance et de pics d'adhésions qui montrent dans quelles proportions une situation peut rapidement évoluer quand les mobilisations sont massives et que le syndicalisme fait la démonstration de son utilité.1936 et 1 945 marquent donc deux déferlements d'adhérents pour la FTM CGT qui coïncident avec des réalisations sociales inouïes pour l'époque.

Cette fédération fait alors preuve d'une audace extraordinaire dans l'innovation sociale. Elle crée et gère des dispensaires et des centres de vacances dès après 1936, et ce en même temps que sont conquis les premiers congés payés. Et ce n'est pas un hasard si à la Libération, le ministre du Travail qui institue et met en place avec l'appui de CGT le régime général de la Sécurité sociale n'est autre que l'ancien secrétaire général de la fédération CGT de la métallurgie, Ambroise Croizat.

En ces temps de pandémie, et alors que les vaccins ne sont pas un bien commun, mais souffrent toujours des logiques capitalistes autour de brevets, sans doute n'est-il pas inutile de se plonger dans l'histoire d'une fédération CGT qui a toujours été fer de lance d'un autre projet de société. Hommage du vice à la vertu, l'UIMM (l'organisation patronale), qui mène l'offensive contre la convention collective des métallos ces cinq dernières années, sait elle aussi que la métallurgie est historiquement au cœur d'un rapport de force important quant au projet de société.

 

Le métal au cœur une histoire de la fédération CGT des travailleurs de la métallurgieEmeric Tellier (préface Frédéric Sanchez, secrétaire général de la FTM CGT). Éditions de l'atelier, janvier 2021, 183 pages, 19,90 euros
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