Mille vies en une

« Mille vie de plus. » C'est ce qu'aurait souhaité vivre Miguel Nunez. Comme si la sienne n'avait pas suffi. Elle fut pourtant bien remplie. Qui, depuis la proclamation de la II^e République espagnole, en 1931, transformera ce gamin de 16 ans en cheville ouvrière de la lutte pour la liberté jusqu'à ses derniers jours, en 2008.

Volontaire dans l'armée républicaine, il passera en effet dix-sept années dans les geôles franquistes, en plusieurs séjours, certes, auxquelles s'ajouteront plusieurs dizaines d'autres dans la clandestinité, y compris en France où il bénéficie de l'appui de la CGT, avant d'être élu (communiste) lors des premières élections démocratiques en 1978. Mandat qu'il n'assurera qu'une seule fois, « pour ne pas finir bureaucrate » et se consacrer à la solidarité internationale.

Un témoignage exceptionnel

Cette bande dessinée est mise en scène par deux amis, deux proches de Nunez, dans un graphisme au noir et blanc très néo-réaliste, quasi halluciné parfois, qui ne fait que renforcer le propos. A travers elle, c'est, au-delà de cette page sombre de l'Histoire espagnole (laquelle n'est d'ailleurs pas vraiment refermée) un témoignage du parcours exceptionnel. Celui d'un homme qui, toute sa vie, appellera au « changement ». Car, disait-il, « l'humanité, à défaut de transformer radicalement le système qui la gouverne, court inéluctablement vers sa destruction ».

Un dossier d'une vingtaine de pages accompagne cet album, remettant en perspective certains personnages rencontrés, certains événements. Ouvrant ainsi des pistes de recherche et/ou de lecture pour ceux qui veulent en savoir plus dans en bibliographie fournie. De la belle ouvrage.

Mille vies de plusDe Miguel Nunez, Pepe Galvez et Alfonso Lopez. Éditions Otium, 128 pages. 20 euros.