Un plan pour améliorer la vie des jeunes
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Prenons cette première réforme, Parcoursup, qui a laissé sur le carreau des milliers de bacheliers candidats aux études supérieures. Et cela, par le truchement d'un algorithme qui était pourtant censé simplifier les démarches administratives d'inscription à l'université (lire notre article « Parcoursup, superdiscriminant »).
Prenons ensuite cet autre projet de simplification de deux structures aux rôles majeurs dans l'insertion des jeunes dans la vie active : Pôle emploi et les missions locales. À Pôle emploi, la simplification va être poussée si loin qu'elle aboutira à 4 000 suppressions de postes de conseillers. Cible prioritaire de ce démantèlement : les tâches d'accompagnement des chômeurs, pour une économie de 350 millions d'euros d'ici 2022.
Comment ? C'est très simple, elles seront transférées sur une plateforme numérique où le demandeur d'emploi devra, seul, gérer son dossier et justifier de ses recherches d'un travail ou d'une formation, mais aussi rendre compte de ses démarches, etc. Et ce n'est là que le premier étage de la fusée réformatrice de transformation du service public de l'emploi. Car, dans le droit fil du démantèlement de Pôle emploi, le gouvernement s'attaque à un autre rouage essentiel du dispositif de soutien à la jeunesse : les missions locales.
Présentes en réseau sur l'ensemble du territoire et présidées par les collectivités locales qui les financent, les missions locales ont en charge l'accompagnement et l'autonomisation des 16-25 ans en difficulté (le mot est faible) d'insertion dans la vie professionnelle ou dans la vie tout court.
Car tout jeune qui se rend en ces lieux est toujours motivé par la recherche d'un emploi ou d'une formation pour y accéder. « Mais notre rôle, c'est d'abord de régler tous les problèmes qui font obstacle à son insertion dans l'emploi », précise Naïma Guarari. Rien à voir, donc, avec les missions de Pôle emploi qui concernent les publics déjà insérés dans la vie active. Or, le Premier ministre a en tête l'idée de fusionner le réseau des quelque 450 missions locales au sein de Pôle emploi au motif de « simplifier le fonctionnement du service public de l'emploi pour les usagers et favoriser les mutualisations pour dégager des économies ».
Est-ce à dire que les missions locales vont être démantelées ? La question se pose. Et elle taraude. Discrètement annoncé le 18 juillet par voie de communiqué ministériel, ce projet de fusion a inquiété aussi bien les syndicats des missions locales que le président de leur union nationale (UNML), Jean-Patrick Gille qui, le 3 septembre, adressait une demande de clarification de ses intentions au chef de l'exécutif. Une missive restée malheureusement sans réponse à l'heure où nous rédigeons ces lignes.
De son côté, la CGT rejette en bloc cette « fausse bonne idée » de fusion, considérée comme un cheval de Troie préparant la dilution des missions locales au sein de Pôle emploi. Secrétaire général CGT de la fédération des organismes sociaux, Jean-Philippe Revel y voit même « un os à ronger pour les syndicats », le temps, pour le gouvernement, de dégainer d'autres surprises aux finalités strictement budgétaires.
Des antennes dédiées aux jeunes déjà lourdement affectées par l'austérité budgétaire qui a réduit à peau de chagrin leurs moyens de fonctionnement ; pour exemple, la seule mission locale de Paris a vu sa dotation fondre de 10 % en 2017, soit 460 000 euros en moins. En juin, 80 % des personnels des missions locales de la capitale et de Seine-Saint-Denis étaient en grève pour revendiquer des moyens à la hauteur de leurs missions et, avant tout, des effectifs.
Sourd et aveugle à ces alertes, le gouvernement Philippe a opté pour le mythe de la « simplification », sans concertation préalable et sans tenir compte des revendications des salariés qui dénoncent la politique de « l'accueil massif », au détriment de l'accompagnement global et du suivi des jeunes. Réunis les 2 et 3 octobre à Montreuil pour les Journées nationales des missions locales, les élus et mandatés CGT ont débattu d'un projet alternatif de création d'une agence nationale des missions locales, à soumettre au Premier ministre.
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