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JEUNESSE

Missions locales : la fusion, c’est non !

29 octobre 2018 | Mise à jour le 26 octobre 2018
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Après la suppression des emplois aidés, Matignon va encore plus loin dans la rationalisation du « pognon de dingue » en s'attaquant aux missions locales qu'il veut transférer au sein de Pôle emploi, lui-même en phase de démantèlement. Cherchez l'erreur… ou bien traversez la rue.
Quelles sont les intentions de la « macronie » en matière de politique de la jeunesse ? Quels sont ses projets d'accompagnement des jeunes et, tout particulièrement, des plus défavorisés sur le chemin de la réussite ? À l'aune des mesures déjà engagées ou à venir, ces questions méritent d'être posées.

Prenons cette première réforme, Parcoursup, qui a laissé sur le carreau des milliers de bacheliers candidats aux études supérieures. Et cela, par le truchement d'un algorithme qui était pourtant censé simplifier les démarches administratives d'inscription à l'université (lire notre article « Parcoursup, superdiscriminant »).

Prenons ensuite cet autre projet de simplification de deux structures aux rôles majeurs dans l'insertion des jeunes dans la vie active : Pôle emploi et les missions locales. À Pôle emploi, la simplification va être poussée si loin qu'elle aboutira à 4 000  suppressions  de  postes  de conseillers. Cible prioritaire de ce démantèlement : les tâches d'accompagnement des chômeurs, pour une économie de 350 millions d'euros d'ici 2022.

Comment ? C'est très simple, elles seront transférées sur une plateforme numérique où le demandeur d'emploi devra, seul, gérer son dossier et justifier de ses recherches d'un travail ou d'une formation, mais aussi rendre compte de ses démarches, etc. Et ce n'est là que le premier étage de la fusée réformatrice de transformation du service public de l'emploi. Car, dans le droit fil du démantèlement de Pôle emploi, le gouvernement s'attaque à un autre rouage essentiel du dispositif de soutien à la jeunesse : les missions locales.

Des missions d’accompagnement global

Présentes en réseau sur l'ensemble du territoire et présidées par les collectivités locales qui les financent, les missions locales ont en charge l'accompagnement et l'autonomisation des 16-25 ans en difficulté (le mot est faible) d'insertion dans la vie professionnelle ou dans la vie tout court.

Notre spécificité, c'est l'accompagnement global du jeune à divers niveaux : logement ou hébergement d'urgence ; situation familiale problématique ; échec scolaire ; manque de qualifications ; détresse psychique ; etc.Naïma Guarari, élue DP-CGT de la mission locale de Paris.

Car tout jeune qui se rend en ces lieux  est  toujours  motivé  par  la  recherche d'un emploi ou d'une formation pour y accéder. « Mais notre rôle, c'est d'abord de régler tous les problèmes qui font obstacle à son insertion dans l'emploi », précise  Naïma  Guarari.  Rien  à  voir, donc, avec les missions de Pôle emploi qui concernent les publics déjà insérés dans la vie active. Or, le Premier ministre a en tête l'idée de fusionner le réseau  des  quelque  450  missions  locales au sein de Pôle emploi au motif de « simplifier le fonctionnement du service public de l'emploi pour les usagers et favoriser les mutualisations pour dégager des économies ».

La fusion, fausse bonne idée

Est-ce à dire que les missions locales vont être démantelées ? La question  se  pose.  Et  elle  taraude.  Discrètement annoncé le 18 juillet par voie de communiqué ministériel, ce projet de fusion a inquiété aussi bien les syndicats des missions locales que le président de leur  union  nationale  (UNML),  Jean-Patrick Gille qui, le 3 septembre, adressait une demande de clarification de ses intentions au chef de l'exécutif. Une missive restée malheureusement sans réponse à l'heure où nous rédigeons ces lignes.

De son côté, la CGT rejette en bloc cette « fausse bonne idée » de fusion, considérée comme un cheval de Troie préparant la dilution des missions locales au sein de Pôle emploi. Secrétaire général CGT de la fédération des organismes sociaux, Jean-Philippe Revel y voit même « un os à ronger pour les syndicats », le temps, pour le gouvernement, de dégainer d'autres surprises aux finalités strictement budgétaires.

Pour encourager cette fusion, Matignon propose aux communes de l'expérimenter localement, sauf qu'on ne voit pas comment, à l'arrivée, une seule commune pourrait décider pour toutes les autres, ironise-t-il. Sans compter le fait que les différences d'organisation n'empêchaient pas les missions locales de coopérer avec Pôle emploi, lorsque c'était pertinent.Jean-Philippe Revel

Des antennes dédiées aux jeunes déjà lourdement affectées par l'austérité budgétaire qui a réduit à peau de chagrin leurs moyens de fonctionnement ; pour exemple, la seule mission locale de Paris a vu sa dotation  fondre  de  10 %  en  2017,  soit 460 000 euros en moins. En juin, 80 % des personnels des missions locales de la capitale et de Seine-Saint-Denis étaient en grève pour revendiquer des moyens à la hauteur de leurs missions et, avant tout, des effectifs.

Un projet alternatif porté par la CGT

Sourd et aveugle à ces alertes, le gouvernement Philippe  a  opté  pour  le  mythe  de  la « simplification », sans concertation préalable et sans tenir compte des revendications des salariés qui dénoncent la politique de « l'accueil massif », au détriment de l'accompagnement global et du suivi des jeunes. Réunis les 2 et 3 octobre à Montreuil pour les Journées nationales des missions locales, les élus et mandatés CGT ont débattu d'un projet alternatif de création d'une agence nationale des missions locales, à soumettre au Premier ministre.

Cela suppose une refonte totale du réseau,  à  cette occasion, mais dans le but de renforcer l'interconnexion des structures locales, de sorte qu'elles puissent poursuivre leur mission fondamentale, à savoir l'autonomisation des jeunes.Jean-Philippe  Revel