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SOCIAL

Mobilisation à Escaudœuvres : le combat des salariés de Tereos pour le retrait du PSE se poursuit

24 avril 2023 | Mise à jour le 25 avril 2023
Par | Photo(s) : François Bourlier
Mobilisation à Escaudœuvres : le combat des salariés de Tereos pour le retrait du PSE se poursuit

En soutien aux salariés de la sucrerie d'Escaudœuvres (59) et de la distillerie Morains (51), plus de 1 000 personnes ont défilé ce jeudi 20 avril dans la ville d'Escaudœuvres et de Cambrai (59). Le 8 mars dernier, Tereos, le géant sucrier français, avait annoncé la suppression de 149 postes liée à la fermeture de ces deux usines.

« Non à la fermeture ! » martèle le cortège des salariés de Tereos qui s'élance depuis la sucrerie d'Escaudœuvres. En plus des travailleurs de ce site, se sont joints à la manifestation ceux de la distillerie de Morains (Marne) ainsi que plusieurs centaines de personnes provenant de différentes usines agroalimentaires. Les habitants de la ville, ainsi que les familles des salariés de la sucrerie, se sont également mobilisés. Laetitia Lagouche, elle, est venue soutenir son mari : « Ce sont des ouvriers investis et engagés pour leurs entreprises. La décision de fermer la sucrerie est ubuesque dans le sens ou Tereos fait des profits. Ce serait un désastre économique pour la ville d'Escaudœuvres, car la région a déjà souffert de nombreuses fermetures d'industrie. Ils ne pensent pas aux familles et aux emplois précaires. Je continuerai de soutenir le combat de mon mari. L'avenir est incertain pour nous, il faut que les élus politiques locaux continuent de nous soutenir. Pour rappel, l'an­nonce du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) du groupe sucrier, le 8 mars dernier, prévoit la fermeture de la sucrerie d'Escaudœuvres et de la distillerie de Morains, entraînant la suppression de 149 postes. Depuis, un bras de fer entre les élus des syndicats (CGT, FO et CFDT) et la direction de Tereos s'est engagé pour le retrait de ce PSE antisocial.

La direction du groupe reste inflexible

Derrière des enjeux de décarbonation et les raisons économiques fallacieuses invoqués par la direction du groupe pour justifier la fermeture des deux sites, le dialogue peine à s'installer. « Nous avons trois mois pour négocier les mesures sociales. Les réunions se suivent mais, à chaque question posée, la direction ne nous répond qu’à la réunion suivante. Nous avons des propositions réelles, crédibles, avec des chiffres à l'appui. Mais, pour l'instant, nous sommes face à un mur. On est toujours dans l'attente», déplore Ghislain Dubois, secrétaire CGT du comité social et économique central de Tereos. Concernant les fermetures de la sucrerie d'Escaudœuvres et de la distillerie de Morains, la direction de bouge pas non plus. « Aujourd'hui, ce qu'ils veulent, c'est reclasser les salariés sur 3 sites, à savoir sur les villes de Lillers, Boiry pour Escaudœuvres et à Connantre pour la distillerie de Morains. Si ces salariés sont reclassés, c'est une heure de route minimum et, forcement, des frais supplémentaires. Et, surtout, la plus grosse difficulté de cette mesure, est de proposer des postes équivalents », précise le secrétaire CGT.

Pour Julien Huck, secrétaire général de la Fnaf-CGT, cette inflexibilité de la part des dirigeants de Tereos s'explique par le changement de direction du groupe en 2021. Elu avec 13 voix sur 15 et sans autre candidat en face, Gérard Clay, puissant betteravier, est devenu cette année-là le président du groupe Tereos France. « Dès son investiture, Gérard Clay a renversé le conseil de surveillance de 29 membres pour passer à un conseil d'administration de 8 agriculteurs. Ces décisions n'ont été qu'en faveur de la maximisation des profits, comme celle du 8 mars dernier. On est très loin de l'esprit d'une coopérative mais plus proche d'une gestion d'entreprise privée»,  rappelle l'élu Fnaf.

Loic Lagouche, chaudronnier à Escaudœuvres et délégué CGT, dénonce un double discours de la part des dirigeants de Tereos et reste pragmatique : « Le préfet de la région et le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, nous ont apporté leur soutien en nous disant que le PSE ne sera pas homologué. Pourtant, la direction de Tereos nous dit l'inverse, que les politiques sont de leur côté. Donc, on ne sait pas qui croire… mais on garde espoir de redémarrer l'activité. »

Une rencontre décisive

Depuis le début de la lutte des salariés de Tereos, le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, s'est montré en faveur de leur combat. Au micro de Sud Radio, le 13 mars dernier, il déclarait que ce n'était «pas normal» que le groupe Tereos ferme son usine d’Escaudœuvres, alors qu'il «gagne de l’argent». Pour Adrien Fené, secrétaire CGT du CSE d'Escaudœuvres, le ministre doit « tenir ses engagements et rester ferme avec la direction. De notre côté, la lutte se poursuit jusqu'au redémarrage des deux sites. Il n’y a pas une seule goutte qui sort de la distillerie de Morains, et à Escaudœuvres, la sucrerie reste gardée 24 heures sur 24.

Le 28 avril prochain, une rencontre au ministère de l'Industrie est prévue entre les syndicats qui mènent ce combat et le ministre de l'Industrie. Au-delà des paroles bienveillantes, les salariés de Tereos attendent des actions concrètes du ministère pour la survie de leurs emplois.