15 septembre 2022 | Mise à jour le 13 septembre 2022
Face à une inflation et des prix qui atteignent des records, à des politiques sans courage et/ou sans idées, la Confédération autrichienne des syndicats, qui regroupe tous les syndicats autrichiens, appelle à une mobilisation nationale ce samedi. Pour faire « Baisser les prix ! »
« Les gens ont peur. Ils ne savent plus comment ils vont faire pour payer leurs dépenses ou leurs factures, s'ils vont arriver à joindre les deux bouts », ne peut que constater Isabelle Ourny, la responsable internationale de la Confédération autrichienne des syndicats, l'ÖGB. C'est que le confit en Ukraine n'est pas sans conséquences pour l'Autriche, à 450 kms à vol d'oiseau de la frontière ukrainienne. Certes, le pays a dû accueillir quelque 50 000 réfugiés, ce qu'il assume, mais aujourd'hui, la principale préoccupation des ménages autrichiens, c'est « l'inflation et la crise énergétique » qui découlent du conflit.
Car avec une hausse des prix qui « atteint les 9,1 % » en Autriche, « le taux le plus le plus élevé de ces cinquante dernières années », et une « dépendance quasi complète au gaz russe » (à plus de 80 %), les prix explosent pour toutes les dépenses . « Plus 130 % pour l'huile de tournesol, plus 100 % pour la farine, 40 % pour les œufs… Et certains ont vu leur facture d'électricité passer de 40 euros par mois à 430 aujourd'hui », résume la syndicaliste.
Le gouvernement en panne d’idées
Quant aux réponses gouvernementales, elles laissent la syndicaliste de marbre. « Ils nous disent qu'il va falloir se doucher avec de l'eau moins chaude, baisser la température… mais ils n'ont pas de plan. » La prime de 500 euros pour chaque personne, enfant compris ? Grignoté par la facture d'électricité ! Quant au coup de frein sur les prix de l'électricité, bloqué à 10 centimes du kilowatt/heure sur les 2 900 premiers kw/h puis subventionné ensuite jusqu'à hauteur de 40 centimes par l'État ? « L'occasion pour les entreprises énergétiques de récupérer 0,30 euro. Ce qui représente en fait une subvention de l'État alors que ces compagnies, notamment celles qui produisent de l'électricité avec des barrages hydrauliques ou des éoliennes à l'ouest du pays, se font actuellement déjà beaucoup d'argent », dénonce Isabelle Ourny.
Mesures insuffisantes
Bien insuffisant pour l'ÖGB donc, qui appelle à une grande manifestation nationale à travers le pays samedi 17 septembre. Avec des revendications bien précises. « Un prix plafond pour l'électricité et l'introduction d'une taxation des bénéfices excédentaires des entreprises énergétiques, comme il en existe déjà en Italie, en Espagne, en Grèce et même en Grande-Bretagne », annonce Isabelle. Et ce n'est pas tout. Suppression de la TVA sur les produits alimentaires pendant une période déterminée, de celle sur les tickets de transport public, réduction temporaire des taxes sur le carburant, sans oublier la demande d'un salaire minimum de 2 000 euro brut pour tous les contrats collectifs lors des négociations collectives qui commencent dans le pays… « Les gens doivent pouvoir acheter de quoi manger, se rendre au travail et rentrer chez eux, payer leurs factures d'électricité et de gaz, leur loyer… », justifie Wolfgang Katzian, le président de l'ÖGB.
Une situation, des demandes qui ne sont cependant pas le propre de l'Autriche. « Nous avons eu une réunion avec les présidents des syndicats des pays frontaliers, Slovénie Slovaquie, Tchéquie, Hongrie et même la Suisse, la semaine dernière car nous sommes tous dans la même galère. Notre réponse doit donc être commune pour sortir de cette misère ».