26 janvier 2018 | Mise à jour le 7 février 2018
Au moins 120 établissements sont dans l'action dont la moitié avec dépôt de clés (les forces de l'ordre se substituent aux gardiens). Le gouvernement espère faire baisser la tension avec une deuxième proposition d'accord, mais celui-ci ne répond pas aux revendications des salariés.
Au douzième jour de conflit dans les établissements pénitentiaires, la tension est toujours aussi forte. Le blocage est total dans plusieurs prisons, notamment celle de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) où a eu lieu l'agression qui a mis le feu aux poudres, mais également à Bordeaux (Gironde), Mont-de-Marsan (Landes), Rennes (Ille-et-Vilaine) et aussi dans les établissements parisiens de Fresnes, Fleury ou la prison de Meaux (Seine-et-Marne). Plus que les syndicats, ce sont les surveillants eux-mêmes qui mènent la barque et se réunissent chaque matin pour décider de la forme d'action qui va jusqu'au dépôt de clés. Au total, une soixantaine d'établissements ont choisi ce mode d'action.
Lundi 22 janvier, l'entrevue avec de la ministre de la Justice Nicole Belloubet avec les syndicats n'avait abouti à aucun résultat, ces derniers appelant à reconduire et amplifier le mouvement. Parmi les mesures proposées par le gouvernement figurait une prime de risque qualifiée de « prime à l'agression » par les syndicats et immédiatement rejetée par eux. Des désaccords entre les syndicats, et notamment entre le syndicat majoritaire UFAP et les autres organisations moins bien représentées ont cependant pesé.
Bien que portant des revendications sécuritaires, le syndicat FO a fini par trouver d'importantes convergences avec la CGT sur les questions indemnitaires et statutaires que celui-ci porte depuis le début. Mais la volonté de l'UFAP de ne pas négocier sur ces aspects a constitué un frein à la démarche unitaire. Au contraire, côté CGT, on se réjouit de l'impact que la plateforme revendicative qu'elle a portée, laquelle a permis de sortir le mouvement de l'impasse de la seule cause sécuritaire.
« À la CGT, on ne sera jamais d'accord avec les revendications sécuritaires, nous pensons qu'il faut humaniser les prisons. Mais nos positions ont fait évolué le mouvement, dont nous avons fini par être moteurs malgré nos 15 % de représentativité » explique Nicolas Peyrin, secrétaire général adjoint de la CGT pénitentiaire.
Dans la nuit du 23 au 24 janvier, les syndicats sont convoqués les uns après les autres pour tenter d'élaborer un nouveau protocole. « Nous avons insisté sur la question de l'emploi, et celle de la reconnaissance du surveillant comme cadre de la détention. Nous revendiquons en particulier leur accès à la catégorie B », explique Nicolas Peyrin. Au soir du 25 janvier, un nouveau texte était proposé qui propose une redéfinition de l'indemnitaire, des primes et des mesures de renforcement de la sécurité. Mais on est toujours bien loin des revendications que portent la CGT et FO sur le statut. Une réponse des syndicats était attendue dans la journée du 26 janvier, mais en fait, la CGT et FO ont fait immédiatement connaître leur hostilité au texte.
Peu psychologue, la ministre de la Justice a agité la menace des sanctions lors d'une émission de radio diffusée dans la matinée du 26 janvier. « Une pure provocation » selon Nicolas Peyrin qui estime les propos d'autant plus déplacés que le mouvement bénéficie pour la première fois d'un vrai soutien populaire. À l'heure où nous écrivons, on ignorait encore la réaction de l'UFAP aux propositions ministérielles, et encore moins celle des surveillants sur le terrain si d'aventure un accord n'était signé que par un seul syndicat.