11 juillet 2013 | Mise à jour le 14 février 2017
« Parler de la société telle qu'elle se reflète dans le miroir du crime, c'est ce que j'ai essayé de faire avec la série Wallander », confiait l'écrivain suédois Henning Mankell en mettant, en 2010, un point final à L'homme inquiet, dernier roman de la saga mettant en scène le commissaire Kurt Wallander. Mais que s’est-il passé avant Wallander… ?
Son personnage a été adopté par un immense public – Mankell a vendu environ quarante millions d'ouvrages dans le monde, parmi lesquels les dix romans de la série Wallander – et une part de ce lectorat s'est sentie un peu orpheline d'avoir « perdu » son héros.Henning Mankell a souvent été interpellé à propos de Wallander, policier divorcé de quarante-deux ans, père d'une jeune femme prénommée Linda, rencontré pour la première fois dans Meurtriers sans visage, débutant en 1990. « Les lecteurs se sont interrogés. Et moi avec eux », concède-t-il dans le prologue de La faille souterraine et autres enquêtes, qui vient opportunément de paraître et dévoile la genèse des aventures du laconique commissaire.
« Comme l'écrevisse, il est parfois bon de marcher à reculons », précise l'auteur.
Dans ce nouvel opus, situé entre 1969 et 1990, le jeune Kurt Wallander pose déjà un regard effaré sur l'évolution de la société suédoise, qui va aller grandissant alors que se délite un modèle suédois » qui ressemble plus à un fantasme qu'à une réalité. La faille souterraine est présente, et elle s'élargit au fil des années en un gouffre où s'effondrent beaucoup d'illusions.
S'il n'a pas été le premier à mettre le doigt sur tous les dysfonctionnements cachés de la Suède (avant lui, dès 1965, le couple Maj Sjöwall et Per Wahlöö les avaient dénoncés de brillante manière avec les dix romans noirs mettant en scène l'inspecteur Martin Beck), Mankell sera sans doute celui qui fera sortir cette réflexion des frontières nordiques.
Par ailleurs auteur éclectique – il écrit pour le théâtre et le jeune public –, Henning Mankell a prouvé qu'au-delà de Wallander, il pouvait être un romancier brillant, comme le prouvait en 2009 Les chaussures italiennes, son meilleur roman à ce jour.
La faille souterraine et autres enquêtes
Seuil, policier, 471 pages, 21,80 €