L’hôpital est au bord du gouffre
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Dans un communiqué publié lundi soir sur son compte Facebook, le collectif inter-urgence annonce la poursuite du mouvement de grèves entamé il y a trois mois dans les services d'urgences hospitalières. Une décision qui résulte des assemblées générales qui se tiennent depuis vendredi dans les 119 services en grève à ce jour sur tout le territoire.
Les 70 millions d'euros mis sur la table par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, la semaine dernière sont jugés « insatisfaisants ». Au regard d'un budget hospitalier de 82 milliards pour 2019, l'enveloppe débloquée « représente donc 0,08 % d'augmentation sur le budget global, ce qui paraît bien peu pour répondre à la crise majeure que traversent les services d'Urgences », souligne le collectif.
En ce début d'été, période habituellement tendue dans les services d'urgence, l'objectif d'Agnès Buzyn étant d'arrêter au plus vite ce mouvement de grève, elle a réuni vendredi dernier, au ministère de la Santé l'ensemble des professionnels des urgences, parmi lesquels les cinq principaux syndicats des hôpitaux publics (CGT, FO, CFDT, SUD, Unsa). À l'ordre du jour : la présentation détaillée des dispositions annoncées le 6 juin au congrès des urgentistes, c'est-à-dire l'enveloppe de 70 millions d'euros et la mise en place d'une mission.
Une large part de l'enveloppe débloquée (55 millions) doit être consacrée d'une part à la revalorisation à « 100 euros nets mensuels » de la prime de risque qui doit être généralisée et versée dès juillet « à tous les professionnels des services d'urgence (hors médecins) », d'autre part à une prime de coopération de 100 euros bruts mensuels sera mise en place pour les soignants à qui seront délégués des tâches médicales. Les 15 millions restants sont censés permettre « aux services d'urgence en tension » de « renforcer leurs effectifs paramédicaux durant la période estivale et de maintenir un maximum de lits ouverts ».
« 15 millions sur 600 services d'urgences c'est une goutte d'eau dans un océan », a déclaré à l'AFP Patrick Bourdillon de la Fédération CGT de la Santé et de l'action sociale, en regrettant que la ministre se soit « refusée à un moratoire » sur les fermetures de lits, « première des revendications ». « Les dispositions annoncées ce jour sont loin de répondre aux attentes de l'ensemble des revendications des professionnel.le. s » souligne le communiqué de la fédération CGT qui rappelle « la nécessité de négociations ».
De son côté le Collectif inter-urgences estime que les annonces sur les primes « reste bien loin » des 300 euros d'augmentations demandés et rappelle qu'il réclame de surcroît « 10 000 emplois supplémentaires » et « zéro hospitalisation brancard ».
Destinée « à construire une nouvelle stratégie d'évolution des services d'urgences » la mission qui a été lancé vendredi 14 juin est confiée au DR Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière et chef du Samu de Paris et au député LREM Thomas Mesnier, urgentiste de formation. Ils rendront leur rapport en novembre prochain, une date qui paraît bien éloignée au regard des difficultés et de l'impatience qui règnent sur le terrain.
Plusieurs personnalités médicales de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) sonnent l'alarme dans une tribune signée dans le quotidien Libération du 14 juin. Elles dénoncent les « urgences à bout de souffle » et appellent à ne pas se résigner à « la mort lente » de l'hôpital public. « La situation va s'aggraver, déplorent-ils, car si la réforme de la ministre porte les fruits annoncés, ce sera au mieux dans cinq ans ou plutôt dans dix ans ».
Le collectif inter-urgences appelle à une « action » au niveau national le 20 juin devant toutes les Agences régionales de santé et « à l'instar des organisations syndicales à une nouvelle manifestation nationale le 2 juillet ».
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