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SERVICES PUBLICS

Rapprochement entre la Caisse des dépôts et la Poste, colis piégé

8 octobre 2018 | Mise à jour le 8 octobre 2018
Par | Photo(s) : Fred Tanneau / AFP
Rapprochement entre la Caisse des dépôts et la Poste, colis piégé

Le mariage entre la Poste et la Caisse des Dépôts signe le désengagement de l'État, et menace les missions de service public des postiers.

Dans le cadre de la loi Pacte, les parlementaires devraient adopter un amendement pour permettre à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) de devenir majoritaire au capital de La Poste. L'État signe ainsi son désengagement, tout en conservant une minorité de blocage. En contrepartie, la Banque postale prendrait le contrôle de la CNP Assurances, premier assureur-vie en France et filiale historique de la CDC. Le  ministre  de  l'Économie,  Bruno Le Maire, a promis que La Poste restera « un grand service public national et une entreprise 100 % publique ».

Mais pour Valérie Mannevy, membre de la Fapt-CGT, ce mécano financier est « le troisième étage de la privatisation de La Poste, après 1990, qui a abouti au démantèlement des PTT et à un groupe France Télécom-Orange coté en bourse, et 2009, qui l'a vu devenir une SA ». Toujours selon l'exécutif, le rapprochement entre La Poste et la CDC permettrait de construire un pôle financier public au service des collectivités et du logement.

« Mais qui en détiendra le contrôle ? Quelle en sera la finalité ? Quelles garanties a-t-on qu'il va servir l'intérêt général », interroge Christian Mathorel, secrétaire général de la Fapt-CGT. Une certitude en revanche : « La CDC attendra de sa participation majoritaire un rendement au moins équivalent à celui qu'elle tirait de la CNP. Elle va exercer vis-à-vis des activités postales une pression accrue sur la productivité », pointe la CGT de la CDC. Avec le risque de dégrader plus encore les conditions de travail. Déjà, les agents perdent le sens de leur métier du fait des réorganisations incessantes.

Selon le bilan social de La Poste, le nombre de jours d'absence pour cause d'accidents du travail et de trajet s'élevait à 386 584 l'an dernier, contre 365 612 en 2016. « En moyenne, depuis 2010, le groupe supprime 10 000 postes par an, ajoute Valérie Mannevy. La sacoche du facteur s'est alourdie au fil des suppressions d'emplois et des tournées qui s'allongent. Les luttes sont nombreuses, surtout à la distribution où les réorganisations du travail sont souvent imposées. »

Les 6 milliards d'euros rapportés par l'opération serviraient pour La Poste à se développer à l'international et dans les services d'aide à domicile. Loin de ses missions de service public.

Article paru dans Ensemble ! d'octobre 2018