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Coronavirus

Renault-Flins reprend, dans l’insécurité…

28 avril 2020 | Mise à jour le 6 mai 2020
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Alors que le site de fabrication de la Zoé de Renault, dans les Yvelines, rouvre, partiellement, ses portes, les salariés craignent que les conditions de leur sécurité ne soient pas garanties. Non sans raison.

La direction de Renault l'avait promis, juré : la réouverture des usines se ferait de « manière extrêmement progressive » ce, afin de respecter « le protocole sanitaire » élaboré pour garantir la sécurité des travailleurs face à l'épidémie de Covid-19. Las, « avant même que ça redémarre, les problèmes ont commencé », ironise Ali Kaya secrétaire général CGT sur le site du constructeur automobile de Flins, dans les Yvelines, qui rouvrait officiellement ses portes mardi 28 avril pour quelque 3 à 400 personnes, 10 % de l'effectif total.

« Ils nous disaient la main sur le cœur qu'ils allaient doubler le nombre de bus [de ramassage, NDLR], que les gens auront des masques, qu'il n'y aura qu'une personne sur deux par siège et ce matin, certains travailleurs se sont retrouvés assis les uns à côté des autres, sans masque ! Et ce n'est que le premier jour. À partir de demain, il y aura plus de monde », s'inquiète le délégué.

D'autant que, après la question de la sécurité dans leurs transports, celle des ateliers semble tout aussi aléatoire. « Il y a bien un autre système d'ouverture des portes, une prise de température, la distribution d'un kit avec des masques et du gel à l'entrée », reconnaît Ali. « Mais pour ce qui est du respect des mesures de distanciation de 1 m dans l'usine, ça, ce n'est possible que sur les papiers de la direction. Dans la vraie vie, c'est impossible. »

Difficile à faire appliquer en effet quand, chaines de montage obligent, les différents éléments qui constituent une voiture, possibles vecteurs de la maladie, passent entre des dizaines, des centaines de mains et que l'on se retrouve à plusieurs au même moment sur un même véhicule, comme lorsque les têtes de 3 ou 4 personnes se frôlent parfois à l'intérieur de l'habitacle. Sans oublier les allers et retours, les déplacements à l'intérieur de l'usine.

Deux procédures de danger grave et imminent

Une situation « très inquiétante », pour Ali qui, face à la crainte de voir des cas de coronavirus se développer sur le site yvelinois, décidait de déposer « deux procédures de danger grave et imminent » aux motifs précédents.« On ne voit pas du tout comment on ne pourrait pas arriver à des drames dans ces conditions là », confirme quant à lui Fabien Gache, délégué central Renault.

Quant à « l'obsession [de la direction, NDLR] de faire retourner les salariés au travail alors que tous les cabinets patronaux expliquent que la crise du secteur automobile va perdurer », le syndicaliste a son idée.

C'est que dans l'accord concernant les salaires lors de la mise au chômage technique des salariés après la fermeture de l'usine le 16 mars dernier figurait aussi les conditions de la reprise. « Et les conditions de la reprise, c'est quand même un travail qui peut aller jusqu'à 60 heures par semaine, six jours sur sept et un raccourcissement de 12 jours des congés d'été », précise Fabien. « Des conditions qui permettent une forme flexibilité à venir, selon Jean-Dominique Sénart [le patron de Renault, NDLR] ».

« La pandémie devient en fait une opportunité pour essayer d'inscrire dans la durée des organisations du travail que la direction n'avait pas encore pu imposer jusqu'à présent et qui pourraient être justement le socle sur lequel se construirait le futur accord de compétitivité que veut négocier Renault, lequel parle d'“agilité”, de “flexibilité”. Maintenant, au nom des conséquences économiques, les patrons se lâchent », prévient Fabien Gache.