Le constructeur automobile cherche un repreneur pour sa fonderie de Caudan, dans le Morbihan. Alors qu'il annonce vouloir « pérenniser les activités et les emplois ». Incompréhensible ?
Incompréhensible alors que « l'entreprise est équipée d'un outil de travail neuf » et produit « deux pièces maîtresses » pour les moteurs qui suffiraient à assurer assez de commandes au site. « Leur volonté, c'est de favoriser le licencing et mettre tout le monde en concurrence. Sauf que, dans leur étude, on ne parle jamais de concurrents, on ne sait pas qui ils sont, leur prix, les conditions sociales de ces entreprises, où elles sont », dénonce le délégué. Quant à la question du repreneur à trouver, elle reste tout aussi floue. « Il faudra bien qu'il arrive avec des volumes de productions. Mais des volume de quoi ? Avec quelles garanties sur la reprise, les condition sociales, l'emploi ? Et si il n'y a pas de repreneur ? »
Menaces sur toute la filière des fonderies
Des questions auxquelles les salariés de la Fonderie de Bretagne ne sont pas les seuls confrontés. « La fonderie Renault est aujourd'hui devant les médias mais il y a aussi la Fonderie du Poitou dont la fermeture a été actée, la SAM, dans l'Aveyron, en redressement judiciaire, MBF Aluminium à Saint-Claude, dans le Jura, elle aussi en quête d'un repreneur, Liberty Wheels, à Châteauroux, qui fabrique des jantes en aluminium… Et le dénominateur commun à toutes ces fonderies, c'est Renault », assène Yalcin Nail, de la fédération CGT de la métallurgie. Qui trouve l'origine de cette attaque en règle contre les fonderies dans le rapport concernant le futur de l'industrie automobile présenté par la Direction générale des entreprises l'an dernier.
Lequel concluait que « la fonte, matériau lourd et peu plébiscité par les constructeurs, n'a plus d'avenir dans l'automobile » et que « d'ici à 2025, la filière fonderie subirait une restructuration qui aurait comme conséquence la fermeture de sites et la perte d'à peu près 5 000 emplois. »
« C'est l'inverse du discours que l'on a eu sur la relocalisation industrielle à la sortie du premier confinement », conteste quant à lui Maël Le Goff, qui ne peut que remarquer que cette stratégie du recours aux sous-traitants et au make or buy, (le faire ou acheter), à ses limites. « La crise de la Covid-19 nous a montré que, à partir du moment où toutes les pièces sont produites un peu partout en Europe et hors d'Europe, ça devient compliqué de s'approvisionner dès lors qu'il y a des crises sanitaires ou sociales dans certains pays. »
Pas question donc de laisser fermer l'usine de Caudan, installée depuis 150 ans dans le paysage local et qui a connu jusqu'à trois générations successives d'ouvriers. « On appelle à 24 heures de grève mardi prochain [23 mars, ndlr] et on va voir comment on se positionne pour la suite », prévient le syndicaliste morbihannais. « Les gars sont tous révoltés. »