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Santé au travail

Les salariés du transport de carburant arrachent des avancées significatives

2 juin 2017 | Mise à jour le 22 septembre 2017
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Les salariés du transport de carburant arrachent des avancées significatives

Après avoir manqué la panne sèche, la France va retrouver du carburant dans les stations rapidement. Gennevilliers, le 31 mai 2017

Après six jours de grève, les salariés du transport routier de carburant ont obtenu des engagements de la part du gouvernement sur leurs revendications en matière de salaires, classifications, reconnaissance de la dangerosité du métier, etc. Un agenda a été fixé qui permet de suspendre le mouvement.

La France a eu chaud et elle évite la panne sèche. C'est ce qu'il ressort de la réunion qui s'est tenue le 31 mai au soir au ministère des Transports où, après six jours de grève et le début d'une pénurie dans les stations-service, les syndicats étaient reçus sur les revendications des transporteurs routiers de carburant. La discussion aura duré près de trois heures. Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT transport, fait le point au sortir de ces discussions : «Nous avons obtenu un calendrier resserré de véritables négociations sur la refonte des qualifications dans la convention collective avec la reconnaissance de certaines spécificités dont celui de matières dangereuses. Le gouvernement a pris ses responsabilités et a décidé de répondre à nos revendications sur deux aspects. Le premier est la reconnaissance de la spécificité du métier de chauffeur routier avec la question des classifications dans la convention collective. Cela doit passer par un accord entre organisations patronales et syndicales. Il a fixé une première date de discussion le 19 juin, et nous avons jusqu'au 10 juillet, date de la commission paritaire de négociation de la convention collective, pour arriver à un accord et des propositions concrètes. Un membre du cabinet du ministre sera présent à ces réunions pour vérifier l'avancement des négociations. Sur le deuxième aspect, les conditions de travail et la santé au travail, le gouvernement a annoncé qu'il réunirait patronat et syndicat le 16 juin et qu'il présenterait à cette occasion une modification du contrat type qui intégrera des aspects de conditions de travail et de santé au travail des salariés. »

La remise sur les rails d'un contrat type aux garanties de haut niveau était une attente des salariés. De tels contrats existaient précédemment, sauf que les grands groupes, tel Total, ont eu la possibilité de s'en exonérer au travers des contrats avec des transporteurs à des conditions totalement négligentes sur les aspects de santé.

Un conflit porté par la base

Au dépôt de carburant de Gennevilliers, les routiers transporteurs de carburant se montrent intarissables sur les raisons de leur mobilisation, notamment l'impact de leurs conditions de travail sur leur santé. « On respire du benzène à longueur de journée, il faut sentir l'imprégnation d'odeurs sur nos vêtements de travail. On les met sous plastique et quand on les rapporte à la maison pour les laver, c'est irrespirable. », témoigne un gréviste. « Aujourd'hui, on connaît plein de retraités qui ont un cancer », explique Robert. « Pour le dépistage, nous réclamons un suivi médical avec des examens sanguins tous les six mois par la médecine du travail », complète Réda, élu CHSCT. À cela s'ajoutent les revendications salariales : « Nous sommes aujourd'hui payés entre 9 et 10 euros de l'heure avec des horaires extrêmement pénibles, le stress permanent, des procédures de plus en plus contraignantes, le flicage avec la géolocalisation. Et on nous pousse à faire le plus de tournées possible, ce qui nous met en faute potentielle à chaque instant. Nos entreprises font énormément de bénéfices, elles peuvent payer 14 euros », explique Bertrand.

Jérôme Vérité revient sur les origines de la mobilisation : « C'est un conflit qui vient de très loin autour de la reconnaissance des spécificités du métier de transporteur de matières dangereuses. Depuis des années, les salariés demandent que cela soit reconnu dans la convention collective, qui est aujourd'hui désuète en ce qui concerne les classifications. Ces dernières semaines, la pression est montée petit à petit. C'est la base des salariés qui nous a demandé de faire pression. Nous avons donc donné au patronat jusqu'au 22 mai pour qu'ils négocient. En l'absence de réponse, c'est encore la base qui a décidé de se mettre en grève. C'est pour cette raison que même si la CGT transports appelait seule, des syndiqués de toute appartenance étaient en grève. » En effet, les adhérents d'autres organisations syndicales étaient aussi partie prenante de l'action.

Le jeudi 1er juin, dans tous les dépôts de carburant, des AG de salariés se sont tenues dès 7 heures du matin et ont décidé de reprendre le travail. Si d'aventure les engagements gouvernementaux n'étaient pas tenus, la détermination est telle qu'il ne fait aucun doute que le mouvement repartirait de plus belle.