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DISCRIMINATION SYNDICALE

Les sales méthodes antisyndicales de Paprec

21 juin 2017 | Mise à jour le 21 juin 2017
Par | Photo(s) : Jean-Michel Delage / Photosociale
Les sales méthodes antisyndicales de Paprec

Paprec, usine de recyclage.

 

Derrière l'image de fleuron de l'économie verte, éthique et socialement responsable, l'entreprise de tri sélectif et de recyclage des déchets Paprec cultive la répression syndicale, les méthodes coercitives et le non-respect du droit.

De la répression syndicale à l'acharnement anti-CGT, le pas a été très vite franchi par la direction de Paprec Île-de-France. Après avoir licencié de manière abusive le représentant syndical CGT Mahamadou Kanté, embauché sur le site de La Courneuve depuis douze ans (voir L'éthique en toc de Paprec), la direction tente par tous les moyens de se soustraire à son obligation de réintégrer ce dernier sur son poste de travail. Et, pour ce faire, tous les coups, au sens figuré comme au sens propre, sont permis.

Courant mai, la direction convoque par courrier Mahamadou Kanté pour, officiellement, lui faire reprendre un poste de conducteur d'engin, conformément à la demande de l'inspection du travail, dont l'enquête contradictoire avait conclu à la nullité du licenciement et à la nécessaire réintégration du salarié. Comme le demande le courrier de convocation, Mahamadou se rend le 22 mai à l'heure et à l'adresse indiquées. Il s'agit non pas du site de La Courneuve mais du site d'Alstom, un client de Paprec chez qui la direction veut muter ce salarié. Trois membres de la direction de Paprec Île-de-France l'y attendent de pied ferme et l'entraînent d'emblée dans un local préfabriqué situé au fond du site. Loin des regards indiscrets…

Séquestration contre signature

Les directeurs passent alors aux hostilités. Ils affirment en raillant Mahamadou Kanté qu'il n'y a aucun poste de conducteur d'engin, qu'il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais. En revanche, il y a bien un poste de cariste-manutentionnaire qui l'attend. C'est sans rapport avec ses compétences, son expérience et son contrat de travail, mais qu'à cela ne tienne pour le trio directorial. Il y a même une fiche de poste toute prête qui n'attend plus que la signature de Mahamadou, qu'il refuse de signer, à juste titre. À son troisième refus, la porte du local est fermée à clé par l'un des directeurs. Saisi de panique, Mahamadou Kanté a le réflexe de se lever comme pour s'échapper, mais il est aussitôt renvoyé manu militari dans sa chaise. Les trois lui font face, le ton monte de plusieurs crans et les menaces grondent : M. Kanté ne sortira pas d'ici sans avoir signé la fiche de poste ! Après un énième refus, les menaces se font plus insistantes : un huissier convoqué par l'un des trois directeurs débarque sur les lieux de la séquestration, assiste tranquillement à l'agression physique de M. Kanté, puis lui notifie une mise à pied conservatoire.

Exiger le respect des droits

Mahamadou Kanté a réussi à prévenir par SMS la CGT qui, à son tour, a alerté l'inspecteur du travail. Son arrivée sur le site d'Alstom n'est visiblement pas passée inaperçue puisque l'otage venait tout juste d'être relâché quand l'inspecteur est arrivé sur les lieux. Pour autant, l'affaire est loin d'être terminée. Aussi bien pour M. Kanté, toujours sans salaire et sans emploi depuis décembre 2016, que pour Paprec, dont les méthodes en termes de discrimination et de répression syndicales, si elles ne sont pas nouvelles, ont cette fois franchi la ligne rouge : « Je ne connais pas un seul délégué syndical CGT de Paprec qui n'ait pas subi de pressions et de représailles, au point d'être contraint de négocier un départ de l'entreprise », témoigne Moussa Diakhaté, de l'UL CGT La Courneuve qui, avec l'UD CGT de Seine-Saint-Denis, étudie actuellement les possibilités d'engager des poursuites judiciaires au pénal.

Quelle issue pour Mahamadou Kanté ?

Soutenu par la CGT dans toutes ses démarches pour faire valoir ses droits, Mahamadou Kanté vit pour l'heure de la solidarité des militants et de ses collègues de La Courneuve. Répondant à l'appel de la CGT, une cinquantaine d'entre eux n'ont pas hésité à se rassembler à Paris, le 2 juin, sous les fenêtres du service des ressources humaines de Paprec pour protester contre ces méthodes coercitives inacceptables et pour exiger le respect des salariés, de leurs droits et des libertés syndicales.

Interrogée par la NVO le 6 janvier au sujet du licenciement de Mahamadou Kanté, la directrice générale adjointe des ressources humaines de Paprec, Mme Traodec, se fendait de cette réponse : « Nous ne pratiquons évidemment pas de discrimination syndicale dans le groupe Paprec. » Après l'éthique en toc, les mensonges en bloc.

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