« Tout ce qui est humain est nôtre ». La devise du Secours populaire français, qui fête cette année ses 70 ans, est d'une actualité brûlante en ces temps de crise marqués par une paupérisation galopante et par la tentation, constamment alimentée par des politiques peu scrupuleux, de désigner l'étranger comme bouc émissaire de tous nos problèmes. En France, comme en Europe ou ailleurs dans le monde, l'organisation, déclarée grande cause nationale en 1991, agit depuis sa création en faveur des victimes de l'exclusion, de la précarité, des guerres et des catastrophes industrielles ou naturelles. Et ce sans aucune distinction, réaffirme-t-elle, « de race, de sexe, d'âge ou de niveau social » et quels que soient les engagements personnels, les sympathies politiques, philosophiques ou religieuses de ceux et celles qu'elle rassemble, personnes aidées comme bénévoles.
Car le Secours populaire se veut l'héritier fidèle de mouvements populaires dont il a, au cours de son histoire déjà longue, conservé les valeurs. C'est en 1923, en effet, que des militants du Parti communiste fondent la Croix-Rouge du peuple, section française du Secours rouge international, avec des pacifistes et des antifascistes mobilisés contre la montée des dictatures militaires en Europe. Il s'agit alors de venir en aide aux prisonniers politiques, militants syndicaux ou anticolonialistes condamnés à la déportation et au bagne, ainsi qu'à leurs familles. En 1936, dans la foulée du Front populaire, l'association affirmera sa volonté de réunir des gens « de toutes opinions, de croyance et de non-croyance »… et deviendra le Secours populaire de France et, à l'époque, des colonies.
Dissoute en 1939, elle poursuit son action dans la clandestinité, puis renaît officiellement le 15 novembre 1945, en fusionnant avec l'Association nationale des victimes du nazisme (ANVN). Son objectif est d'œuvrer à une société plus juste et plus humaine, en dotant la France libérée d'une grande association de solidarité populaire.
À partir de la fin des années 1950, le SPF internationalise son action en intervenant auprès des victimes du franquisme en Espagne, de la dictature des colonels en Grèce ou du coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili. Au cours des années 1970, avec la fermeture des mines du Nord et le déclin des houillères de Lorraine, plongeant les familles dans le chômage, il apprend à mobiliser ses adhérents et des ressources financières ; il organise notamment la première « Journée des oubliés des vacances », qui permet, chaque année, à des milliers d'enfants et adolescents de découvrir la mer durant les grandes vacances.
Dans les années 1980, il crée des permanences qui, approvisionnées par des magasins régionaux, tiennent lieu de « libre-services » alimentaires et vestimentaires, de bibliothèques et d'organismes de vacances. Son action ciblée auprès des jeunes et des enfants lui vaut d'être agréé association nationale d'éducation populaire en 1983, puis d'être reconnu d'utilité publique le 12 mars 1985, et enfin, en 2000, d'être érigé en association complémentaire de l'enseignement public.
Avec un budget de 314 millions d'euros en 2013, c'est aujourd'hui la troisième association française d'aide sociale derrière la Croix-Rouge française et le Secours catholique. Surtout, c’est le premier réseau de bénévoles : 80 000 personnes rassemblées dans 22 conseils de régions, 99 fédérations départementales ou professionnelles, plus de 650 comités locaux et 573 antennes.
Le cœur du SPF bat cette année au rythme des festivités de cet anniversaire. Près de 200 personnalités du monde culturel, scientifique, artistique, sportif, de la gastronomie, des médias… se sont engagées à le soutenir. Face au « raz-de-marée de la misère », ses bénévoles sont mobilisés pour faire vivre, contre le désespoir, la misère et la division, le beau mot de solidarité.
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