Chantiers de l’Atlantique : la direction la joue à l'intox
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Ce nouvel accident grave est survenu vers 16 heures, lundi 24 janvier, dans des circonstances qui restent à élucider. En raison de l’enquête judiciaire ouverte dans la foulée par le parquet de Bobigny, ni l’identité de la victime, ni son âge, ni sa profession n’ont été dévoilés par l’entreprise Solideo, la société de livraison des ouvrages du chantier olympique qui, ce jour-là, déployait des camions-toupies (bétonnière ou malaxeuse) à travers une multitude d’entreprises sous-traitantes. D’après nos renseignements, la victime serait le conducteur d’un de ces camions qui, descendu de son engin mal sécurisé, se serait fait littéralement rouler dessus par son outil de travail. Autant de circonstances que l’enquête judiciaire en cours devra préciser.
Très attentives aux conditions de travail sur les différents chantiers des JO 2024, la CGT de Seine-Saint-Denis et la fédération CGT de la construction déplorent les nombreux accidents graves, dont deux mortels, survenus depuis le démarrage des travaux olympiques.
Dans son communiqué du 25 janvier, la CGT dénonce la dangerosité et les risques inadmissibles auxquels les salariés sont chaque jour exposés et qui, en cas d’accidents, sont rendus invisibles et réduits à l’état de statistiques morbides : énième mort, énième accidenté, énième drame dont ni les victimes ni les responsables ne sont jamais identifiés. « Ces statistiques devraient a minima provoquer une remise en cause des conditions de travail dans la construction, secteur qui enregistre un mort par jour dans l’indifférence générale, alors que les autorités publiques disposent de la latitude pour agir préventivement afin d’éviter ces morts et vies broyées », tient à rappeler Jean-Pascal François, secrétaire fédéral de la CGT Construction, bois et ameublement.
Comme elle le revendique de longue date, la CGT a réaffirmé son exigence que des mesures fortes soient prises en matière de sécurité des travailleurs. Et d’abord, la fin de la sous-traitance en cascade. Identifiée comme le premier facteur en cause dans la chaîne de production des accidents, ce type de division du travail favorise en effet la surexploitation des salariés au détriment, tristement documenté, de leur sécurité au travail. Elle réclame par ailleurs la tenue d’une table ronde associant pouvoirs publics, acteurs du BTP et organisations syndicales portant sur une remise à plat de l'organisation du travail sur les chantiers afin d’y intégrer toutes les prescriptions nécessaires à la protection-sécurité des salariés.
Revendication plus surprenante – dans la mesure où elle devrait aller de soi – la possibilité, pour les syndicats, de tenir des permanences au sein des grands chantiers du BTP. « Nous voulons non seulement renseigner les salariés sur leurs droits et les moyens de les exercer, mais aussi pouvoir contrôler leurs conditions de travail et, en cas de danger, de pouvoir intervenir et alerter », précise Jean-Pascal François.
Dans ce droit fil, la CGT réclame logiquement les moyens, pour les inspecteurs du travail du territoire, de pouvoir accéder et intervenir sur ces chantiers, d’en contrôler les conditions d’exercice. Enfin, comme déjà demandé lors de l’accident mortel du 5 janvier sur la zone Pleyel, la CGT exige la convocation urgente de la commission santé, sécurité et conditions de travail des entreprises œuvrant sur les chantiers des JO, directement ou indirectement concernées par les divers accidents survenus depuis l’ouverture de ces chantiers. Pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ces accidents du travail et sur la chaîne des responsabilités dans leur survenue et « pour que perdre sa vie au travail ne soit plus une fatalité ».
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