LES ELLES REMPILENTLe groupe « Les Elles », né au milieu des années 1990, salué pour leur originalité tant scénique que discographique, revient avec une compilation de leurs meilleurs morceaux et nous offre quatre inédits. Un univers décalé à (re)découvrir.
Sous la houlette de Pascaline Hervéet, auteure, compositrice, interprète, Les Elles furent un groupe culte des années 1990, lancé par Boucherie production. Avec Sophie Henry au piano et à l'accordéon, Christine Lapouze au violoncelle et Sarah Auvray aux chœurs, le quatuor a commis cinq albums qui lui valut une nomination aux Victoires de la musique en 2000. Les revoilà avec une compilation de 19 titres, dont quatre inédits, prêtes, on l'espère, à repartir sur scène comme en novembre à la Cigale.
Avec des textes faussement naïfs, elles nous content un univers tendre et cruel, joyeux comme saignant. « Je veux des amants, pas un, pas deux mais cent »… Le premier morceau, inédit, donne le ton quant au désir affiché d'amours multiples, d'un « Marin de Gibraltar » comme d'un « Bel ami », le mercredi quand les enfants sont à la chorale et le mari, à la capitale.
De sa voix tour à tour mutine, langoureuse ou malicieuse, Pascaline Hervéet nous fait prendre des chemins de traverse bien singuliers, à la rencontre de gens bizarres : un clodo qui rêve de vengeance, Miss Alzeimer qui va chercher des steaks chez le cordonnier ou sacrément seuls comme le vieil Armand qui aimait tellement la fête et le sexe. Mine de rien, certaines chansons apparemment joyeuses traitent de sujets graves comme l'inceste avec « Tonton Amédée » qui a salement profité de la jeune mariée.
Idem avec « La chatte de Monsieur Clock », dont il faut de méfier des ronronnements câlins qui peuvent se transformer en violents règlements de compte… Un groupe plein d'originalité à revisiter !
Ah si j'étais riche, compilation des Elles. Universal, 13,99 euros.
Avec un premier album vachard, Frédéric Fromet pousse la chansonnette dans la plaie. Tout le monde en prend pour son grade : les bobos, les jeunes cadres dynamiques, Marine Le Pen comme Gad Elmaleh. Plutôt drôle dans l'ensemble.
Le chanteur humoriste Frédéric Fromet, qui sévit tous les vendredis dans Si tu écoutes, j'annule tout sur France Inter, parodiant l'actualité en chanson, nous livre un album assez mordant. En 17 titres, orchestré par les Ogres de Barback, il pousse la chansonnette pour s'en prendre aux bobos qui roulent en trottinette et font des trekkings au Népal comme aux jeunes cadres dynamiques au franglais poussé à l'excès.
Les footeux, les morveux comme les bouseux ne sont pas épargnés. Son spectacle a affiché complet cet été au festival d'Avignon, l'occasion d'en faire une chanson et de nous décrire la foire aux intermittents, plumés pour se loger et jouer dans des placards. Si son côté potache fait souvent sourire, il peut agacer un brin quand la rime, parfois, s'appauvrit .
Mais il sait aussi nous faire franchement rire quand il s'adresse, façon chanteur créole à la Frankie Vincent, à « Mawine Le Peigne », ou quand il rend hommage à « Gad Elmallette » sur l'air d'« ah la la i yi ». Et puis, si ça canarde contre à peu près tout le monde, on ne boude pas certaines chansons vachardes au refrain plutôt réjouissant : « J'ai tout plein d'amis au Medef. Ma religion, c'est le bénef »…
Ça fromet ! de Frédéric Fromet. Irfan, 12 euros.
Précurseur de l'union de la musique bretonne et de l'électro, Denez Prigent franchit une nouvelle barrière en se frottant au hip-hop pour quatre titres puissants publiés avec le coffret de son dernier album.
Depuis 1993, Denez œuvre à sortir la musique bretonne d'un carcan « folklorique » et passéiste en la confrontant à maints autres genres musicaux, du jazz aux musiques électroniques. De retour en studio en 2015 pour enregistrer « Ul Liorzh vurzhudus »/« An enchanting garden » (voir NVO, juin 2015, p. 63), voyage musical sans frontières, Denez pulvérise une autre barrière en confrontant sa musique et sa voix au hip-hop.
Rythme rapide, motif répétitif, il y a à l'évidence des points communs entre certaines formes musicales bretonnes et le hip-hop, ce qui n'a pas échappé à James Digger, DJ « beatmaker » français qui a remixé quatre titres du dernier album de Denez. Étendant sa connexion outre-Atlantique, Denez a souhaité inviter un rappeur américain, et James Digger a proposé le New-Yorkais Masta Ace qui vient compléter le duo sur un quatrième titre.
Le résultat est fougueux comme souvent l'océan en Côtes-d'Armor.
Ce CD Remix quatre titres est joint au coffret CD en édition limitée de Ul Liorzh vurzhudus/An enchanting garden qui paraîtra en vinyle le 18 décembre en version collector sur le label Coop Breizh.
Denez Prigent sera en concert le 9 décembre à l'Alhambra. 21 rue Yves Toudic – Paris Xe et en tournée
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