21 mars 2023 | Mise à jour le 26 mars 2023
Le géant sucrier français, propriétaire de Béghin Say, vient d'annoncer sans préavis la fermeture de deux de ses usines. 149 emplois sont menacés. Écœurés, les salariés manifestent leur colère.
Ce vendredi 17 mars, une fumée noire s'élève devant le siège social de Tereos à Moussy-le-Vieux (77). Une banderole « Tereos Escaudœuvres, la sucrerie vivra » est fixée au portail. Plusieurs dizaines de salariés se sont mobilisés à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO et la CFDT pour réclamer l'annulation du PSE qui prévoit la fermeture des deux sites, celui d'Escaudœuvres (Nord) et de Morains (Marne). Au total, 149 postes sont menacés. Dès l'annonce de la restructuration industrielle du groupe sucrier, le 8 mars dernier, les salariés d'Escaudœuvres ont manifesté dans la ville à plusieurs reprises et ont suspendu la production. Retenant 45 000 tonnes de sucre dans l'usine, ils gardent ce « trésor de guerre » pour faire pression sur la direction qui invoque des raisons économiques et les enjeux de décarbonation.
L'or blanc à 1000 euros la tonne
Avec un chiffre d'affaires de 2,975 milliards d'euros au premier semestre 2022/2023 (soit une hausse de 35 % sur un an) et un résultat net de 172 millions d'euros en 2022, l'entreprise, propriétaire de la marque Béghin Say, ne s'est jamais aussi bien portée. L'augmentation de 45 % du prix de vente du sucre depuis janvier 2023 permet à Tereos de vendre « l'or blanc » à 1000 euros la tonne, alors qu'« une sucrerie est déjà rentable quand la tonne est vendue à 350 euros », précise Adrien René, secrétaire CGT du CSE d'Escaudœuvres. Même non-sens concernant la contrainte de décarbonation à atteindre dans les vingt prochaines années. « Le projet de décarbonation coûte 600 millions d'euros mais c'est d'ici 2050 et l'Etat subventionnera entre 40 et 60 % ! ajoute Maryse Treton, de la fédération CGT nationale agroalimentaire et forestière. La vente de ces deux sites ne rapporterait en outre que 50 à 70 millions d'euros, une somme dérisoire sachant que Tereos a réalisé un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros en 2022. »
Rappelons que Tereos a provoqué une catastrophe écologique en 2020. Une digue retenant les eaux de lavages de betteraves avait cédé, répandant un liquide toxique dans le fleuve de l'Escaut. 70 tonnes de poissons ont été tués. Le groupe sucrier a été reconnu coupable de pollution le 12 janvier dernier. « Nous avions prévenu la direction au sujet de la digue, personne ne nous a écouté. » assure Loïc Lagouche, chaudronnier à Escaudœuvres.
« Les dirigeants à la tête de Tereos sont d'une incohérence totale. L'activité sucrière est une activité cyclique lié au climat, il y a des années avec des résultats très hauts, d'autres avec des résultats moindres. Le problème, c'est qu'ils ont atteint un point culminant de rentabilité et ils ne veulent plus redescendre. Tout est bon pour toujours plus de profit. On attend de Tereos qu'ils retirent ce projet macabre. » – Maryse Treton – De la fédération CGT nationale agroalimentaire et forestière