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Transport de classe pas très classe

16 décembre 2015 | Mise à jour le 22 février 2017
Par | Photo(s) : AFP
Transport de classe pas très classe

Le projet de liaison rapide entre l'aéroport Roissy–Charles-de-Gaule et Paris est contesté par la CGT, les usagers du RER B, mais aussi des élus du 93 : le coût et l'intérêt public de cette infrastructure, notamment, sont au cœur de la fronde contre cette ligne réservée à une élite.

L'État, Aéroports de Paris et SNCF Réseau viennent de relancer le très controversé projet de liaison rapide entre l'aéroport Roissy–Charles-de-Gaulle (CDG) et le cœur de Paris. Et ce alors que le plan de financement n'est toujours pas bouclé. Mais ce n'est là qu'une des raisons de la contestation qui rassemble la CGT des transports, les collectifs d'usagers du RER B, de nombreux élus de gauche de Seine-Saint-Denis et des associations de riverains concernés par les impacts environnementaux du nouveau tracé.

« Le problème majeur que pose le CDG Express, c'est qu'il n'a pas été conçu pour répondre à l'intérêt général, encore moins aux besoins pourtant urgents des usagers du RER B qui, depuis des années, réclament des travaux d'amélioration de la ligne », expliquait Dominique Launay, secrétaire de l'Union interfédérale des transports (UIT), qui réunissait, le 23 novembre, les opposants au projet.

LE RER B EST SATURÉ

Cette ligne, qui va du nord au sud de l'Île-de-France en passant par le centre de la capitale, a depuis fort longtemps atteint son seuil de saturation maximale. « Au point qu'elle est passée d'un mode RER à un mode métro, avec tous les désagréments en cascade que cela génère au quotidien », précise Dominique Launay.

Outre le choix politique de cette ligne express dédiée exclusivement aux voyageurs de l'aéroport Roissy–Charles-de-Gaulle, ce sont aussi la méthode du gouvernement et la vision idéologique sous-tendant ce projet qui posent problème. Imposée par le haut, sans autre débat avec les institutions concernées, sans associer le Stif ni même les élus des communes sur lesquelles la construction de cette ligne produira des impacts considérables, la mise en œuvre du CDG Express se fera par ordonnance dans le cadre de la loi Macron. « Un déni total de la démocratie pour faire passer en force un projet de transport de classe », s'insurge à juste titre un élu écologiste.

UN TRAJET À 24 EUROS

Et, de fait, le CDG Express n'a pas été imaginé pour rendre service aux usagers franciliens en mal de transports. Plutôt pour les touristes et hommes d'affaires devant circuler sans entraves entre l'aéroport et le cœur de la capitale. Alors qu'elle utilisera les infrastructures publiques du réseau ferré national, cette desserte et sa gestion seront privées. Elle offrira en effet un trajet express, hors tarifs Stif, au prix de vingt-quatre euros voire plus, qui ne sera accessible qu'aux seuls clients d'ADP.

Plus grave encore, le financement du projet : « on nous dit que cette infrastructure ne bénéficiera pas de subventions publiques, mais ce sont deux établissements publics, ADP et SNCF Réseau en fonds propres, qui assureront son financement », s'indigne un syndicaliste d'ADP. Cerise sur le réseau, il faut savoir que SNCF Réseau est si fortement endetté qu'il dit depuis des années ne pas avoir les moyens de moderniser la ligne B, malgré son état alarmant.

« Ce qui n'était pas possible pour le RER B le devient comme par magie pour le CDG Express », ironise à son tour Dominique Launay. Enfin, la viabilité économique de la desserte n'est pas garantie. « Avec une fréquentation prévisionnelle estimée à 14 millions de voyageurs par an contre 900 000 par jour sur la ligne B actuelle, l'équation paraît évidente. Et encore plus aberrante si l'on considère que les intérêts annuels de la dette publique, de l'ordre de 1,7 milliard d'euros, correspondent au montant nécessaire au financement du CDG Express. » Dans une période où l'on nous impose l'austérité pour le remboursement de la dette publique, mettons ces moyens financiers au service de l'intérêt général, et principal, des usagers franciliens.

 

À retrouver dans le cahier de l'Union régionale d'Île-de-France de la NVO