23 mesures gouvernementales pour la Seine-Saint-Denis, la grande supercherie
Le 31 octobre, la Seine Saint Denis a accueilli cinq ministres, dont le premier d'entre eux, pour une grande messe censée incarner le virage social du quinquennat Macron.
Devant un parterre d'élus locaux et de parlementaires, mais sans les organisations syndicales, 23 mesures ont été annoncées pour notre département qualifié de « hors normes » par Édouard Philippe. Mais derrière les chiffres et les grands discours, le détail de ces mesures s'avère ni plus ni moins que de la poudre de perlimpinpin.
Dans le département le plus jeune de France (35,4 % des habitant·e·s a moins de 24 ans) confronté à d'énormes défis éducatifs, le gouvernement Macron n'a su sortir de son chapeau qu'une prime de « fidélisation » de 10 000 euros pour les enseignants (soit 166 euros par mois par enseignant) ayant « tenu » 5 ans d'exercice sur le département.
Or, cette prime qui ne compense même pas le gel du point d'indice quasi continu depuis 2010 n'aura évidemment aucune incidence sur les conditions de travail et le manque cruel de personnels dans les établissements scolaires. Pour rappel, la CGT revendique 300 euros d'augmentation minimum par mois, rien que pour compenser le gel de l'indice.
Un catalogue de bonnes intentions
Sur le volet de la Justice, le gouvernement a annoncé la création de 35 postes de greffiers et de 12 postes de magistrats pour le Tribunal de Bobigny, alors que tout le monde s'accorde pour dire qu'il y a plus de 50 postes non pourvus.
La santé publique a elle aussi eu droit à son saupoudrage de bonnes intentions, mais qui ne corrigeront rien quand on sait que 37 des 40 villes du département manquent déjà de médecins généralistes.
Quant à l'annonce d'une enveloppe de 20 millions d'euros pour les écoles, elle a le goût d'une mauvaise blague. Le dynamisme démographique de notre territoire est tel que certaines villes construisent une école par an. Or le coût d'une école, une seule, c'est précisément 20 millions d'euros ! Autant dire que pour un département « hors normes », ces mesures s'avèrent plutôt des mesurettes, totalement hors sol.
Un plan d'urgence les services publics
Pour la CGT 93, la Seine Saint Denis a moins besoin de petites mesures spécifiques que de l'application de l'égalité républicaine. D'où sa revendication de tenir de véritables assises du service public — de tous les services publics — et d'obtenir un plan d'urgence qui permette de réparer les inégalités subies par la population depuis des décennies.
Au moment où le macronisme vient de réduire les droits de 50 % des privés d'emploi — ce qui aggravera significativement la situation de nombreux foyers de Seine Saint Denis où le taux de pauvreté est de 28,6 % contre 14,7 % à l'échelle du pays — seuls nos services publics pourront jouer le rôle d'amortisseur social.
Plus que partout ailleurs en France, le rôle des services publics est ici essentiel. C'est pourquoi la CGT revendique qu'ils soient protégés, pérennisés et surtout, développés. C'est ce qu'ont voulu rappeler nos militants pacifiquement réunis devant la préfecture le jour du show du premier ministre.
Le responsable de la CGT 93 placé en garde à vue
En réponse, les CRS leur ont infligé une charge inopinée, à base de gazages et de bousculades. Cerise sur la matraque, le premier responsable départemental de la CGT, Hervé Ossant, a été embarqué manu militari au poste de police où il a enduré 7 heures de garde à vue, alors qu'il n'avait fait qu'exercer son droit d'expression en tenant une banderole.
Derrière le rideau de fumées lacrymogènes, la stratégie du gouvernement Macron-Philippe crève les yeux (quand elle ne les éborgne pas…) : intimider ceux qui luttent, les dissuader d'exercer leurs droits démocratiques, les réduire au silence, voire à l'inaction, tandis qu'en arrière-plan, ce même gouvernement au chevet du département « hors normes » intensifie sa guerre contre les salariés, les pauvres, les vulnérables et les derniers de cordées.
L'observatoire de la pauvreté menacé de suppression
Pour se convaincre de la supercherie du « Plan Seine–Saint-Denis », il n'y a qu'à relever ce tout petit détail passé quasi inaperçu des médias, à savoir son projet de suppression de l'observatoire de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Autrement dit, casser le thermomètre pour ne plus mesurer la fièvre quand dans le même mouvement on souffle sur d'autres braises pour faire diversion.
Le syndicalisme devient dorénavant une activité de plus en plus polyvalente : il nous faut démasquer les tours de bonneteau gouvernemental (retraites par points), déconstruire les débats de diversion (immigration et autres), populariser nos alternatives, esquiver la répression, et surtout travailler la mobilisation : rien d'impossible pour la CGT !