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Une rentrée comme les autres dans l’enseignement professionnel ?

Matthieu Brabant
2 septembre 2020 | Mise à jour le 2 septembre 2020
Par | Professeur de lycée professionnel - Membre du bureau fédéral de la FERC-CGT
Questions de professeurs à un chef d'établissement lors de la « pré-rentrée » 2020.
Matthieu Brabant
J'enseigne les mathématiques et les sciences dans un lycée professionnel (pardon, un « lycée des métiers ») de Montpellier de 1 600 élèves (pardons « 1 600 apprenant.es »).
Ce petit jeu de questions-réponses est bien entendu romancé mais correspond, parfois mots pour mots, au discours tenu devant les enseignant.es de lycée professionnel.
Dans une période de crises, sanitaire, économique et sociale, voire climatique, la voie professionnelle des lycées est une opportunité pour armer la jeunesse. Apporter des outils, un esprit critique, et une qualification reconnue. La question de la formation professionnelle, et en particulier initiale, est d'ailleurs mise en avant dans les 34 mesures de sortie de crise du collectif Plus Jamais Ça. Mais non, le gouvernement continue comme si rien n'était. La réforme de l'enseignement professionnel engagée en septembre 2019, qui dé-professionnalise, qui déqualifie et qui sabre largement les enseignement généraux (lettres, mathématiques…), continue comme si de rien n'était.
Plutôt qu'un énième plan de relance de l'apprentissage, la CGT revendique un plan d'urgence pour la voie professionnelle. Il faut restituer au service public les moyens supprimés par des années d'austérité pour lui permettre d'accueillir sous statut scolaire tou·tes les jeunes en demande d'une formation diplômante (notamment les apprenti·es qui seront en mal de contrat dès septembre) et de garantir leur réussite ainsi que des conditions de travail satisfaisantes.

Question: Comment faire pour éviter le «brassage» entre les élèves exigé par le ministre de l'Éducation nationale ?

Réponse: On flèche les parcours des élèves et on évite les regroupements 30 mètres autour du lycée.

Super, formidable, cela veut dire que l'on va avoir plein de moyens pour avoir des groupes, donc éviter les regroupements de 30 élèves dans un milieu clos, aussi appelé une classe ?

Vous avez un bon sens de l'humour. Il vous suffit d'aérer votre classe. Profitons du fait que nous sommes dans le sud et ouvrons nos portes et nos fenêtres.

Super, tip top, cela veut dire que nos élèves vont bien supporter le masque pendant 8h au lycée et 2h dans le tramway, bref 10h non-stop. Comment faire si un élève refuse de mettre son masque ?

Je ne doute pas de la citoyenneté de nos élèves.

Super, méga top, mais si on a un élève-citoyen pas très riche et qui n'a pas les moyens de se payer 3 masques par jour ?

La citoyenneté et la santé n'a pas de prix. Soyons solidaires.

Super, j'adore, mais sinon comment nos élèves vont-ils être accueillis en stage ? D'ailleurs, est-ce qu'il y a des difficultés ?

Nous faisons confiance en la solidarité citoyenne des entreprises afin qu'elle accueillent dans des conditions dignes nos apprenant.es. D'ailleurs le gouvernement a débloqué 1 milliard d'euros pour l'apprentissage.

Super, je me sens de mieux en mieux, mais je parlais surtout de mes élèves, c'est-à-dire sous statut scolaire ?

Nous expliquerons aux élèves de troisième que l'apprentissage, c'est bien. Pour rappel, 1 milliards d'euros (clin d'œil appuyé).

Super, c'est fou comme tout va bien, mais sinon en termes pédagogiques, a fortiori en lycée professionnel avec des élèves souvent en difficultés scolaires d'une part et ayant un objectif professionnel d'autre part ?

Évaluez, évaluez, évaluez.

Super, c'est dingue, mais en fait je parlais de pédagogie.

Évaluez, évaluez, évaluez.

Super, la vie est presque belle, est-ce que l'on peut au moins discuter de potentiels reconfinements et donc de nouvelles périodes d'enseignement à distance ?

Évaluez, évaluez, évaluez. Testez et nous évaluerons les tests.

Super, oui la vie est belle, est-ce que l'on peut parler qualifications au moins, surtout en temps de crise sociale ?

Évaluez, évaluez, évaluez…

 

Malgré les dernières annonces de Blanquer, une rentrée scolaire pleine d'interrogations

 

Dans son dernier livre, Philippe Meirieu dissèque et critique la réforme Blanquer